Tout bien pesé, la visite du chef de la diplomatie française à Alger, quand bien même elle est la première dans un pays arabe, n'aura pas été si fructueuse. Question annonces, s'entend. À moins qu'on veuille juste se payer des mots. Car des mots en l'occurrence, il y en a eu. Et à l'envie. “Partenariat d'exception", vieille lune qui remonte déjà à l'époque du président Chirac, “nouveau stade" dans les relations bilatérales : autant de formules biens tournées pour mieux cacher les divergences sur les grands dossiers de l'heure. Au sujet de la repentance, dont Alger fait un préalable “scellé et non négociable" pour assainir définitivement les relations, Laurent Fabius, qui se savait attendu sur le sujet, s'en est tiré avec une pirouette en renvoyant tout le monde à “l'esprit" des deux derniers messages échangés par les présidents Bouteflika et Hollande. Sur la question du Sahara Occidental, les lignes n'ont pas bougé non plus, Fabius expliquant que la France s'en tient à la démarche de l'ONU. Dans le principe, peut-être, car dans les faits, Paris, quelle que soit la majorité aux affaires, n'a jamais caché sa préférence pour le plan d'autonomie marocain. Même constat sur le dossier malien. La France prône une solution interne tout en suggérant à Alger “puissance régionale" de s'engager militairement. Ce qui n'est pas vraisemblablement dans les plans immédiats de l'Algérie qui a ses propres considérations. Mais pour ne pas voir tout en négatif, convenons que la visite de M. Fabius à Alger a l'air d'avoir créé un nouveau climat psychologique qui pourrait constituer un bon pré-requis à la remise sur de bons rails des relations algéro-françaises. Des relations qui, sous l'administration Sarkozy, étaient en proie à une récurrente crise de nerfs.