Cette commune, distante d'à peine une vingtaine de kilomètres de la capitale, a bien assuré l'accueil des familles et leur sécurité pendant la première semaine du Ramadhan. Exception faite de la panique déclenchée, le deuxième jour (du Ramadhan), suite à une coupure d'électricité générale. À Staouéli, le gros de l'animation est concentré au niveau de l'avenue Gami-Ali, connue sous le nom de “boulevard", qui est située entre la place des Dauphins et le siège de la Banque de développement local (BDL). Dès 22h, les cafés sont pris d'assaut par la gent masculine, qui va se lancer dans d'interminables parties de dominos. Ce moment coïncide avec l'arrivée de nombreux fidèles à la mosquée. Plus d'une demi-heure après, les axes principaux de la ville sont, comme par magie, illuminés : les restaurants, les salons de thé, les magasins et autres lieux de consommation sont enjolivés par des enseignes étincelantes. Au fur et à mesure que le temps passe, des femmes, des hommes et surtout des adolescents, occupent les rues de façon ostensible. Des policiers régulent la circulation, près des intersections, alors que d'autres sont chargés de la sécurité des citoyens. Au boulevard, l'heure est aux crèmes glacées, aux grillades, au café, au thé et aux boissons rafraîchissantes, ainsi qu'à la barbe à papa et aux jouets pour enfants. Autour du carrefour principal, les boutiques de vêtements et de chaussures ne désemplissent pas. On y rencontre aussi des citoyens marchant par petits groupes et tenant parfois à la main un cornet de glace ou un sandwich. Les habitants de la localité et les touristes admettront volontiers que Staouéli est “très vivante", le soir. Mais, il se trouvera toujours des mécontents parmi eux. D'aucuns vous expliqueront qu'ils font partie des “pauvres" ou des “couches moyennes" qui n'ont pas les moyens d'accéder aux kheïmas plantées dans les complexes touristiques et hôtels chics. D'autres rappelleront “l'envahissement des ordures, l'incivisme triomphant, les problèmes de circulation routière et ceux du stationnement". D'autres encore regretteront que l'animation soit “réduite aux seuls aspects mercantiles". Vers 23h30, des clients commencent à partir, alors que d'autres arrivent. Même si les prix des brochettes sont relativement élevés, dans les restaurants, les gens attablés ne sont pas très regardants sur les dépenses. Un client, se présentant comme un commerçant, affirme qu'il a “l'embarras du choix", mais qu'il aime fréquenter Staouéli “pour sa décontraction et ses bons mets". Ce n'est pas le cas de tout le monde. “J'ai fait mes comptes avant de venir. J'ai décidé de sortir avec ma petite famille", confie un père de famille. Ce dernier, exerçant dans l'administration, estime qu'il faut “se faire plaisir de temps en temps, quand c'est possible". Ces dernières années, des barbecues, tenus souvent par des jeunes, ont élu domicile sur l'avenue Gami, convertie en voie piétonnière à la tombée de la nuit, de même que sur les trottoirs de l'artère principale. Chez ces vendeurs informels, mais tolérés occasionnellement, les tarifs sont très abordables : 20 DA la merguez ; 30 DA la brochette de foie, etc. Seulement, l'hygiène laisse à désirer. La pose de barrières métalliques, au niveau des intersections, destinée à dissuader les conducteurs, a fini par être assimilée, au fil des années, à “une volonté d'intégrer l'activité informelle". Pendant le mois de Ramadhan, ces clôtures métalliques qui font la joie des vendeurs de jouets et de gadgets lumineux, des marchands de barbe à papa et de brochettes, sont remarquées dans la journée, à proximité du marché. À l'approche de l'heure de la rupture du jeûne, le souk est déserté sans être nettoyé, offrant un spectacle des plus désolants, qui subsiste encore. En entrant dans Staouéli, le visiteur est frappé par l'omniprésence des jeunes, dont des adolescents, qui travaillent au noir. Certains en arrivent à se demander si cette localité ne constitue pas “un échantillon en matière de débrouille, à l'heure du libéralisme de bazar". En fait, l'idée est inspirée par la situation des jeunes vendeurs qui veulent s'en sortir, en étant conscients que “le moment est propice pour se faire de l'argent". Malgré les quelques aménagements apportés, pour organiser la circulation et en dépit des promesses de doter la commune d'un parking, la ville de Staouéli est confrontée, chaque soir, au problème d'embouteillage et de stationnement, surtout le week-end. C'est une aubaine pour les jeunes, qui ont transformé plusieurs ruelles en aires de stationnement, tout en dictant leurs consignes financières : 50 à 100 DA par véhicule. Cette situation a de quoi irriter des visiteurs, qui finissent toujours par revenir sur le site lumineux. H A