En plus de la canicule qui caractérise le climat de la capitale de l'Ahaggar en cette période estivale, les Tamanrassétis se trouvent contraints de subir au quotidien les désagréments liés aux récurrentes pannes d'électricité. Cette situation, qui coïncident malheureusement avec le mois sacré de Ramadhan, a ainsi soulevé un véritable tollé et une réaction bruyante parmi la population qui ne cesse de déplorer les pertes et les dommages occasionnés par les coupures répétées que les services concernés fassent d'une manière irréfléchie et sans préavis. “Dans une wilaya qualifiée de pandémonium en été, nous restons parfois plus de quatre heures sans cette énergie vitale et sous la chaleur torride du soleil qui nous pourlèche avec ses flammèches insupportables. C'est inconcevable. À Tamanrasset, ou encore pire, à In-Salah et à In-Guezzamou, la température atteint 60° à l'ombre ; les enfants aux frêles épaules puériles et les vieux ne peuvent plus résister à ce temps caniculaire et risquent de se déshydrater en raison de cette fournaise et par manque de climatiseurs. Faut-il encore attendre le pire pour réagir ?" s'interroge un fonctionnaire dépité. Dans une grande désolation, un autre fonctionnaire regrette le fait de procéder au délestage aux dépens des villages déshérités en faveur des institutions publiques bien nanties, dotées de groupes électrogènes de secours très puissants. À ce propos, il a cité l'exemple des villages d'Outoul, d'In-Mguel et d'Iglan, situés respectivement à 20, 130 et 50 km de Tamanrasset, lesquels restent plongés des heures durant dans le noir. “Dernièrement, et suite à une chute d'électricité soudaine, un jeune du village d'Iglan s'est mortellement électrocuté. Des cas similaires sont nombreux en raison des pannes survenues sur le réseau d'électricité et des raccordements anarchiques qui ont été effectués sans contrôle et sans suivi des services compétents", regrette-t-il. Selon une source bien informée, le problème des coupures d'électricité dans cette wilaya du Grand-Sud est lié à l'obsolescence des groupes de production électrique en service. “La centrale de production électrique a mis en marche cinq groupes d'une capacité de cinq mégawatts chacun en provenance de la centrale de Béchar où ils ont été utilisés pendant 10 ans, soit après l'expiration de la période de garantie accordée par la maison de fabrication. Actuellement, on est confronté à un sérieux problème de maintenance et d'entretien de ces groupes qui tombent tout le temps en panne", précise notre source. Un employé de l'unité de production d'électricité, qui a requis l'anonymat, a, de son côté, expliqué que “pour mettre fin à ce problème, deux turbines mobiles d'une capacité productive de 18 mégawatts ont été récemment acquises d'une entreprise américaine. La première sera installée à l'ancienne centrale de production électrique de Guettaâ-El-Oued et l'autre à la nouvelle centrale, sise à l'entrée nord de la ville de Tamanrasset". En présence des spécialistes américains et des ingénieurs de Sonelgaz qui ont été formés à cet effet en Suisse, la turbine destinée à la nouvelle centrale de production électrique, et qui a été acquise à coups de millions, a été récemment mise en marche sans toutefois mettre un terme au cauchemar des pannes, causées cette fois-ci par le colmatage des filtres à air des appareils. Un problème qu'on ne peut résoudre dans l'immédiat, puisque les pièces de rechange d'origine sont, par omission ou par négligence, laissées au niveau du port d'Oran lors de l'acheminement des turbines vers Tamanrasset, alors qu'elles devaient être normalement transportées dans le même convoi. L'autre problème est relatif à l'entretien des appareils nécessitant de l'eau distillée, laquelle est indisponible localement. Une question : l'acquisition de ces turbines mobiles, destinées initialement aux pays en guerre tels que l'Irak où elles ont été mises à l'essai pour la première fois, était-elle soumise à une étude de rentabilité ? La réponse semble négative puisqu'avec le système de protection dont elles sont équipées, elles disjonctent et se mettent automatiquement en position de coupure à la détection d'un simple problème. La remise en marche nécessite, en revanche, jusqu'à quatre heures de temps. Entre-temps, on est contraint de bricoler avec les groupes désuets en procédant, au grand dam des habitants, au délestage quartier par quartier. Le retour à la case départ, à vrai dire ! R K