“Nous ne pouvons pas qualifier cette action de grève. Dans ce cas précis, il ne s'agit pas d'une grève mais plutôt d'un arrêt de travail. Pour moi, c'est un abandon de poste", dira M. Aired, propriétaire de la laiterie de DBK. Pour les grévistes, aucun ouvrier ne reprendra le travail tant que les résultats de la commission d'enquête interministérielle ne sont pas rendus publics. Selon M. Aired, “pour notre part, nous aurions voulu que tout soit réglé le plus tôt possible mais hélas aucun résultat n'a été communiqué. C'est l'affaire du ministère. Ce n'est pas à nous d'imposer le timing car c'est une administration qui travaille et le plus vite sera le mieux pour nous aussi. Sincèrement, je ne vois pas pour quelle raison arrêter tout une usine parce que le ministère de l'Industrie ou de l'Agriculture ne fait pas son travail. S'il y avait des revendications socioprofessionnelles, j'aurais compris, si les travailleurs manquaient de quelque chose j'aurais accepté qu'ils arrêtent de travailler mais là je ne vois pas la relation", a-t-il déclaré. Et d'enchaîner : “Aujourd'hui, s'ils ne sont pas contents de la rapidité d'exécution du ministère, ils n'ont qu'à aller faire un sit-in devant le ministère, mais que l'usine reprenne ses activités." Cette période d'arrêt de travail n'est pas sans conséquence. Selon le propriétaire, M. Aired, chaque jour son entreprise enregistre d'importantes pertes financières sans parler des produits qui restent en stock et qui risquent la péremption. “S'il s'agissait de défendre les intérêts des travailleurs, j'aurais compris. Or, nous, nous n'avons pas de problèmes socioprofessionnels, au contraire, je vous invite à venir voir dans quelles conditions ils travaillent. Je le dis et je le redis : c'est un abandon de poste illégal, passible de poursuites judiciaires, avec un sabotage économique puisque le lait est resté stocké." Selon lui, ce mouvement de protestation n'est pas légitime car cette action n'a aucune justification. “C'est de la poudre aux yeux. Il y a des gens qui veulent que cette usine ferme ses portes", a-t-il précisé. “Je ne comprends pas car le 12 juillet nous leur avons versé 72 000 DA de bénéfices. Pourquoi paralyser tout une région en la privant de lait surtout en ce mois de carême ? Pourquoi paralyser 400 salariés ? Certes, c'est le droit des travailleurs de déclencher une grève, mais qu'elle soit justifiée et légitime", indique notre interlocuteur, tout en appelant les pouvoirs publics à intervenir. Sur les 380 travailleurs de cette entreprise, beaucoup veulent reprendre le chemin du travail le plus tôt possible. “C'est bientôt l'Aïd, idem pour la rentrée scolaire. Nous avons des familles à nourrir, des malades à soigner et nous sommes prêts à reprendre le travail dès aujourd'hui", dira l'un des employés. “Il faut trouver une solution à ce problème. Nous sommes fatigués d'attendre", dénonce un autre. De leur côté, les travailleurs grévistes maintiennent leur action et refusent de reprendre le travail à la demande de la direction de la laiterie qui, pour rappel, a lancé un appel aux travailleurs afin de reprendre le travail aujourd'hui le 5 août.