Sept Maliens dont une femme sont accusés d'escroquerie et de faux et usage de faux. Ils ont subtilisé au gérant d'une agence de tourisme la somme de 650 millions de centimes. Le démantèlement de réseaux de faussaires africains en situation irrégulière en Algérie n'est pas près de s'arrêter. Les informations faisant état de l'arrestation de bandes à travers les grandes wilayas du pays se suivent et se ressemblent. La dernière en date remonte au début du mois de juillet, à la suite d'une souricière tendue par les enquêteurs. Une bande de malfaiteurs, constituée de sept Maliens dont certains se disent être des réfugiés ayant fui leur pays suite au coup d'Etat du 22 mars dernier, vient d'être démantelée. La bande était spécialisée dans la falsification et le trafic de la devise (euro), de faux et usage de faux, d'escroquerie... Elle sévissait dans la capitale. C'est ce que révèlent les premiers éléments de l'enquête de la Police judiciaire de la circonscription d'Hussein-Dey adressés au procureur de la République près le tribunal d'Hussein-Dey. Tout a commencé le 5 juillet 2012, quand la victime, propriétaire d'une agence de tourisme, s'est présentée au commissariat de Ben Omar pour déposer une plainte contre quatre ressortissants étrangers pour escroquerie et arnaque. La victime, S. R., raconte avoir fait la connaissance de l'un des ressortissants de retour d'un voyage de Tunisie. Les deux hommes ont sympathisé durant le vol et se sont échangé leurs coordonnées en vue d'un éventuel “projet commercial légal". “Le Malien m'avait dit qu'il avait un ami, qui n'est autre que le fils d'un général malien emprisonné suite au coup d'Etat, qui voudrait investir des sommes d'argent colossales en Algérie", raconte la victime. Quelques jours après, le gérant et le Malien conviennent d'un rendez-vous pour faire connaissance avec le “fils du général" et discuter du fameux projet. La rencontre a eu lieu dans le luxueux hôtel Ibis de Bab-Ezzouar. L'Algérien ne soupçonne rien d'anormal et croit le Malien qui lui propose “un partenariat en affirmant détenir une somme d'argent assez conséquente et qui se trouve au niveau de l'ambassade du Mali en Algérie". Selon la victime, des documents prouvant ses dires lui ont été présentés. Mieux, les deux complices, qui semblent avoir bien planifié leur coup, n'hésitent pas à exhiber un petit coffre-fort où la somme d'argent était soigneusement gardée en attendant le lancement du grand projet. La ruse de la machine qui sert à convertir les billets ! Pis, ils vont jusqu'à lui faire croire qu'ils sont en possession d'une machine miraculeuse qui “sert à convertir les billets". Ils feront même une démonstration sur place en y glissant des billets de 2 000 DA après avoir pris le soin de les imbiber d'une poudre avant de les mettre dans de l'eau... Tout un processus et autres techniques que les deux complices achèvent en remettant à la victime des billets en euro et non en dinar algérien. La victime, impressionnée et complètement convaincue des miracles de la machine, n'aura aucun mal à remettre à ses associés la faramineuse somme de 650 millions de centimes pour les glisser dans la fameuse machine et en faire sortir des billets non seulement neufs, mais en devise étrangère. Finalement, les billets feront bien leur entrée dans la machine, mais pas pour leur conversion en euro mais pour leur détournement. La victime découvrira plus tard que la boîte censée contenir ses billets en euro et le coffre-fort du Malien n'était remplie que de coupures noires. Et pour bien ficeler leur scénario, les ressortissants, qui n'ont rien laissé au hasard, sont allés jusqu'à contacter leur “associé" algérien pour l'informer qu'ils ont été arrêtés par les éléments de la Gendarmerie nationale et que deux autres Maliens vont le contacter pour finir le projet. Et ce sera fait. Deux autres ressortissants prendront le relais et tenteront de soutirer à la même victime une autre somme, en devise cette fois, de 45 000 euros. Mais le gérant de l'agence de tourisme a fini par comprendre qu'il a été victime d'une belle escroquerie. Et c'est là qu'il décide de déposer une plainte. Au lancement des investigations, les enquêteurs ont mis en place un stratagème pour faire tomber cette bande d'escrocs. La victime a été instruite pour leur faire croire que les 45 000 euros étaient en sa possession. Un rendez-vous est pris au niveau de l'agence. La suite est facile à deviner. Le ressortissant, A. T., sera appréhendé en sa possession la clé d'une voiture et son passeport. La voiture dont il nie la propriété a été retrouvée non loin du commissariat de Ben Omar (Kouba). A. T. nie tous les faits et soutient avoir été envoyé par son ami malien Yaya pour récupérer la bouteille contenant la fameuse poudre servant à l'opération de conversion. L'adresse de la propriétaire de la voiture, une jeune Algérienne qui se dit être la fiancée du Malien arrêté qui lui a fait cadeau du véhicule. Elle les mènera aux différents domiciles des ressortissants sis à Sidi M'hamed et à Birkhadem. La perquisition du premier domicile s'est avérée “négative", mais à Birkhadem, une somme d'argent en devises et plusieurs autres matériels servant à la falsification de billets ont été retrouvés dans ledit domicile qui s'est avéré être la propriété de l'épouse de l'un des ressortissants maliens ; celle-ci louait un étage de la villa à d'autres Maliens qui, selon elle, recevaient d'autres amis africains. Le principal accusé a été placé en détention provisoire, le reste de la bande a été placé sous contrôle judiciaire. Affaire à suivre...