Pour cette aile majoritaire du mouvement, les “ultimatums” et le rejet de l'élection présidentielle participent d'un plan établi entre Ouyahia et certains délégués. Pour les délégués du mouvement citoyen de Kabylie, qualifiés par leurs pairs d'“anti-dialoguistes”, un vocable qu'ils rejettent d'ailleurs, les “ultimatums” à répétition brandis par Bélaïd Abrika, délégué de la CADC, et ses compagnons, et ce, outre le rejet de la prochaine élection présidentielle, ne participent que d'un plan préétabli élaboré entre Ahmed Ouyahia et certains délégués. “Les ultimatums répétés ne sont que leurre et fuite en avant. La décision de rejet de l'élection présidentielle, prise dans la précipitation et dans un climat de désarroi, cache mal les termes d'un contrat pré-établi et l'échec de ces pseudo-délégués quant à la tentative d'amener le mouvement à un dialogue/compromission”, soutiennent Issadi Rabah, délégué de Maâtkas, Hocine Mameri de Larbaâ Nath- Iraten, Mohand Meziani de Tigzirt, Chabane Meziane de Bouira et Rabah Boucetta de Boumerdès. Lors d'une conférence de presse animée conjointement, hier, au siège du quotidien Le soir d'Algérie, à la Maison de la presse Tahar-Djaout, à Alger, les délégués hostiles à la démarche d'Abrika estiment que celui-ci veut engager le mouvement dans un dialogue de “compromission”, mû par des “intérêts personnels” et obéissant à une stratégie bien définie : “normaliser la Kabylie”. “Aujourd'hui, des ambitions malsaines mues par des intérêts individuels et carriéristes sont apparues au sein même des structures du mouvement par nature généreux et désintéressé. Violant ses principes directeurs, des individus ont engagé le mouvement dans un processus de “dialogue Taïwan bis”, où les tenants et aboutissants demeurent inavoués. Ce simulacre de dialogue est légitimement dénoncé et condamné par la majorité des coordinations. Ce genre de manipulation ne trompe personne”, expliquent-ils dans une déclaration liminaire. Et d'ajouter : “l'actuel marchandage initié par Ouyahia, en connivence avec des délégués qui ne représentent qu'eux-mêmes, ne peut avoir d'écho au sein des populations (…)”. Comme pour étayer leurs propos, ils ne manquent pas de relever dans le même contexte que le document de mise en œuvre “ne reflète pas l'esprit de la plate-forme d'El-Kseur”, outre qu'il soit expurgé de “deux préalables”. “C'est un document fantoche. Il est basé uniquement sur des questions d'argent (…)”, expliquent-t-ils. Autres éléments qui trahissent, à leur yeux, la compromission de leur pairs : l'organisation du dernier conclave de l'interwilayas à l'INTHT, l'interdiction des meetings à Benflis sans l'aval de la présidence tournante alors que Belkhadem et les ministres d'Ouyahia se pavanent à Tizi Ouzou, la dénonciation des “indus du FFS” alors qu'ils partagent “le dîner avec un député du RND” et enfin “leur refus de remettre en jeu leur mandats”. Pour cette aile du mouvement, la solution passe inéluctablement par “la reconnaissance de l'état de sa responsabilité dans les crimes”, non sans faire observer, par ailleurs, que la prise de position par rapport à la prochaine échéance électorale doit faire l'objet d'un large débat au sein de la base. “La position doit être dictée en fonction des intérêts du mouvement”, disent-ils. Toutefois, ils ne manquent pas de rappeler, en guise de conclusion, qu'“il est illusoire de croire qu'il peut y avoir de volonté politique chez Bouteflika et Ouyahia de régler la crise de Kabylie, qu'ils ont eux-mêmes provoquée”. “On refuse la trahison”, affirme le délégué de Bouira, un ancien détenu du mouvement. K. K.