Bruit de bottes au Mali. La France prépare activement une intervention armée de forces africaines au Mali à laquelle elle jure ne pas prendre part ! Son ministre de la Défense, Jean-Yves le Drian, a livré le plan de bataille de la contre-offensive contre les djihadistes qui ont fait main basse sur le nord Mali, vaste région frontalière avec l'Algérie que ses habitants touaregs avaient "libérée" et proclamée Etat Azawad avant de se voir disqualifiés. La France a fait pression sur l'establishment malien pour qu'il abandonne ses guerres de tranchées et se rassemble derrière le président par intérim renvoyé à Bamako la semaine dernière, après une longue retraite "pour soins" à... Paris. Le climat de stabilité rétabli à Bamako par la mise en ordre dans les instituions, le président Dioncounda Traoré pourra alors officiellement demander une initiative militaire dans la partie nord de son pays aux mains d'islamistes armés. C'est également une exigence de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), dont "hasard du calendrier, le président en exercice Alassane Ouattara, chef de l'Etat ivoirien, était l'hôte de François Hollande lorsque ce dernier renvoya à Bamako Dioncounda. La Cedeao a également exigé la remise en ordre dans le pouvoir malien avant d'engager officiellement la procédure d'intervention militaire dans le nord Mali. C'est également une exigence de l'Union africaine et implicitement de la résolution qui a été votée par le Conseil de sécurité sur ce sujet et qui attend une saisine des Africains. D'où le pressing de la France qui assure la présidence tournante du Conseil de sécurité pour rétablir la stabilité politique à Bamako, qui n'est pas encore assurée même si le président par intérim Dioncounda Traoré est revenu de Paris. La Cedeao est disposée à envoyer une force de quelque 3 300 soldats pour aider l'armée malienne à reconquérir le Nord. Mais elle attend un mandat du Conseil de sécurité de l'ONU et demande un appui logistique, notamment à la France et aux Etats-Unis. L'organisation sous-régionale a l'habitude de ce genre d'opérations, c'est, pour ainsi dire, une sorte de "gendarme" à l'échelle de l'Afrique de l'Ouest. Et comme par hasard, ses membres constituent le pré-carré de la Françafrique ! Reste qu'Hollande, qui a nommé un monsieur Sahel pour suivre de près le dossier, piaffe d'impatience pour lancer la contre-offensive contre les islamistes dans le nord Mali. Son ministre de la Défense a clairement dit : "Il faut éviter par tous les moyens que cette partie du Mali devienne un Sahélistan", avertissant que les ingrédients sont en train de se rassembler pour qu'elle le devienne, faisant un parallèle avec l'évolution de l'Afghanistan des talibans. La France se démène pour convaincre ses partenaires de l'UE à la suivre, ceux de l'Afrique de l'Ouest ayant été apparemment acquis ; la semaine dernière, l'Elysée a vu défiler pas mal de chefs d'Etat de l'Afrique sub-saharienne. D. B