Walid, prénom masculin, est un de ces nouveaux prénoms, à la mode. D'origine arabe, il provient de wâlid “qui engendre, qui procrée, par extension, producteur, créateur'', du verbe walada “engendrer, enfanter, élever, produire". Ce prénom a un féminin, mais moins utilisée que son pendant masculin : walida, productrice, créatrice". Un Walid célèbre est le grand philosophe musulman, Abû Al-Walîd Mohammed Ibn Rûshd – l'Averroès des Latins. Il est né à Cordoue en 1126 de l'ère chrétienne. En 1169, après avoir été présenté par le philosophe Ibn Tufayl à l'émir Abû Ya'qûb Yûsef, il est nommé cadi à Séville. En 1182, il se retrouve à Marrakech où il succède à Ibn Tufayl au poste de médecin de cour. Ibn Rûshd s'est déjà fait connaître comme médecin en écrivant un ouvrage remarqué, le Kitâb Al-Kulliyât, mais c'est en philosophie qu'il s'illustre, rédigeant plusieurs ouvrages où il expose des théories à la fois nouvelles et hardies. Mais les fûqaha, les juristes traditionnels, partisans d'une orthodoxie étroite, complotent contre lui et le font destituer. Il est renvoyé en Andalousie, puis exilé à Lucena. Il retourne en Afrique et meurt peu après à Marrakech en 1198. À la demande du calife, son corps est transféré à Séville où il est inhumé. Ibn Rûshd a d'abord été un grand commentateur des Grecs, notamment d'Aristote dont il a été le disciple. Mais Ibn Rûshd a eu une pensée originale, certes influencée par le grand maître grec, mais par plusieurs aspects, indépendante d'elle. Contre Ibn Sînâ et sa philosophie néoplatonicienne, il a défendu la raison dialectique. C'est ainsi qu'il a réfuté les affirmations a priori, préférant soumettre les théories à l'épreuve des faits. Il lui arrivait même de contester sur certains points de doctrine ou de connaissances pratiques l'enseignement d'Aristote. Pour lui, la connaissance doit être basée uniquement sur des faits réels, des vérités qu'on peut vérifier. C'est ce principe qui, selon lui, donne à la connaissance, sa valeur scientifique et sa rigueur. On a reproché à Ibn Rûshd d'être un matérialiste, voire un mécréant. En réalité, il a été un musulman sincère. Ce que le philosophe de Cordoue réfute, c'est le syncrétisme entre la philosophie et la religion, telle qu'on la retrouve chez Ibn Sînâ ou al-Ghazâlî. Ibn Rushd a exercé une influence considérable sur les penseurs occidentaux du Moyen-âge et de la Renaissance. Dès la première moitié du 12e siècle, le nom d'Ibn Rûshd a été rattaché à un puissant courant philosophique en Europe, l'averroïsme latin. Les avérroistes étaient partout accueillis comme des innovateurs, des adversaires du dogmatisme et d'obscurantisme. Combattu par l'Eglise, l'averroïsme universitaire a subsisté longtemps. M. A. H ([email protected])