Un retour sur les événements clés qui ont marqué l'histoire récente de l'Algérie, une autopsie de la société algérienne, à travers le regard d'un personnage de roman qui prend le dessus sur son créateur. Le théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou a accueilli, dimanche soir, le théâtre régional Azeddine-Medjoubi de Annaba, qui a présenté la pièce "Imraa min waraq" (une femme en papier). "Imraa min waraq" raconte l'histoire d'un amour entre un écrivain et l'héroïne de ses romans, en l'occurrence Meriem. Ce personnage imaginaire, de fiction, devient une réalité et s'impose dans la vie de cet écrivain. "La pièce ‘Une femme en papier' propose également une halte sur la décennie du terrorisme vécue par l'Algérie à une certaine période. Se voulant un plaidoyer contre l'oubli envers ceux qui ont été victimes des assassinats ciblant des artistes de renom, à l'exemple de Abdelkader Alloula et de Azzedine Medjoubi", nous expliquera Mourad Senouci, l'auteur de l'adaptation. La pièce rend hommage également à toutes les figures féminines qui ont lutté ; ces femmes qui ont bravé les interdits. "Elles étaient interdites de voir l'arc-en ciel, de voir les couleurs." Il fallait vaincre, mais à quel prix ? C'est aussi une halte dans la mémoire, puisque la pièce rend hommage au peintre Mohamed Issiakhem, aux dramaturges Kateb Yacine et Mustapha Kateb. Avec un ton engagé, les deux comédiennes, Larini Lydia et Houari Rajaa, ont provoqué "le cri" de cette mémoire commune, vidant leurs larmes sur scène, en évoquant toutes ces personnes mortes dans la discrétion, dans le silence et quelquefois dans l'indifférence totale ou assassinées pour leurs idées. "Nos artistes sont honorés après leur mort. Cette terre est devenue incompréhensible", lancera l'une des comédiennes. Cette fresque nous rappelle également ces moments de douleur vécus par tout un peuple, puisqu'elles citeront de passage les événements d'octobre 1988. "Imraa min waraq" est ce personnage qui réincarne et idéalise aussi cette Algérie "en fer", qui a su résister. Le texte est adapté de la pièce "Ountha mina assarab" du professeur et écrivain Waciny Laredj, adapté par Mourad Senouci et produite par le Théâtre régional de Annaba, dirigé par Sonia Mekiou. Le décor de la pièce s'ouvre sur des rideaux blancs et une masse de papiers placée au milieu de la scène, d'autres feuilles ont été suspendues au-dessus de la scène. Un espace de transparence qui laisse paraître d'un temps à autre les figures desdits personnages projetés sur scène. "Imraa min waraq" est une halte dans la mémoire, un retour sur les événements clés qui ont marqué l'histoire récente de l'Algérie, une autopsie de la société algérienne, à travers le regard d'un personnage de roman qui prend le dessus sur son créateur. Hier, le public du théâtre régional Kateb-Yacine de Tizi Ouzou devait découvrir la pièce intitulée "l'Hypothèse de ce qui s'est passé réellement", produite dernièrement par le théâtre régional d'Oum El-Bouaghi. K. T