Nous avons là plusieurs prénoms féminins qui se ressemblent, mais qui sont en fait d'origines et d'époques différentes. Menna, Mennun et Munia sont d'origine arabe, Munna et Mona d'origine berbère. Menna vient de manna ‘'don, faveur, grâce, bienfait'', du verbe manna ‘'obliger quelqu'un, lui faire une faveur, lui rendre un service'' ; Mennun, de manûn ‘'femme recherchée comme épouse à cause de sa fortune'' ; et Munia, de munya, ‘'vœu, désir, chose désirée''. Muna est à rapprocher du nom antique Mona, déesse berbère de l'antiquité dont dérive le latin Monica (français : Monique), célèbre pour avoir été porté par la mère de saint Augustin. Mina est une variante du nom précédent. La Muna la plus célèbre de l'histoire antique de l'Algérie est Monique, la mère de saint Augustin. Monique, en latin Monica, naquit en 331 ou 332 à Thagaste, l'actuelle Souk Ahras, dans l'est de l'Algérie, et mourut à Ostie, en 388. Elle appartenait à une famille convertie au christianisme. Elle était très pieuse et fuyait tout ce qui était en rapport avec le paganisme. Monique épousa en 347 Patricius, un païen, notable de Thagaste et eut trois enfants de lui. La jeune femme se rendait souvent dans les églises et les cimetières pour prier, ce qui provoquait les médisances des esclaves. Ces derniers, encouragés par la belle-mère, l'accusèrent d'adultère. Patricius la suivit et découvrit où elle se rendait : il punit les esclaves calomniateurs et admonesta sa mère. D'ailleurs, impressionné par la foi ardente de son épouse, il ne tarda pas à se convertir. Cette conversion rendit Monique heureuse, mais son bonheur n'était pas complet, son fils aîné, Augustin, demeurant païen. Au demeurant, le jeune homme préférait, à la vie ascétique à laquelle l'appelaient les Ecritures, les plaisirs et les joies du paganisme. A Madaure puis à Carthage où il s'était rendu pour faire ses études, il avait même, ainsi qu'il le rapporte lui-même, une vie très dissipée. A dix neuf ans, il prit une concubine avec laquelle il eut un enfant. En 384, il s'installa à Milan, en Italie et, sa situation économique le lui permettant, il y fit venir sa femme et son fils. Monique se rendit en Italie et obtint qu'il renvoie sa concubine et qu'il entre avec elle en Afrique. Elle tenta de nouveau de le convertir, en se faisant cette fois-ci aider par l'évêque de Milan, Ambroise. Augustin se laissa fléchir et, en 387, il demanda le baptême. Son objectif enfin atteint, Monique décida de rentrer avec son fils et son petit-fils en Afrique. Lors du voyage de retour, Augustin et sa mère connurent une expérience mystique qui les conduisit à l'extase. Monique mourut quelques jours plus tard. M.A. H ([email protected])