Cette fois-ci, c'est la bonne ! Les dinosaures quittent le gouvernement. Certains ont passé plus de dix ans au sein de l'Exécutif et ont laissé l'impression d'“être nés ministres". Le doyen des ministres, Boubekeur Benbouzid, quitte enfin le ministère de l'Education, lui qui aura survécu à toutes les crises, à tous les changements. Autre partant, et non des moindres, Noureddine Yazid Zerhouni, l'ex-vice-Premier ministre. Effacé depuis son départ du ministère de l'Intérieur, l'ancien homme de confiance du chef de l'Etat, visiblement malade, s'éclipse sans fracas. Un autre proche du Président quitte le navire : Saïd Barkat, l'ex-ministre de la Solidarité et de la Famille et anciennement à la tête du département de l'agriculture, n'a pas réussi à briller dans ces deux secteurs. Djamal Ould-Abbès, lui aussi, proche du Président, est débarqué. Après avoir réussi, une première fois, à revenir d'un limogeage, en 2004, l'ex-ministre de la Santé semble avoir grillé toutes ses cartes et rejoint ainsi le cercle des retraités du gouvernement. El-Hadi Khaldi, un autre proche du Président, quitte le gouvernement, après avoir été l'un des premiers à ouvrir les hostilités contre l'actuel patron du FLN. Le ministre qui aura passé le moins de temps à son poste est, comme d'habitude, celui de la Communication : Nacer Mehal quitte le navire après moins de deux années à la tête du département le plus instable de la République depuis l'arivée de Bouteflika au pouvoir. Trois autres ministres font les frais des choix politiques de leur parti, le MSP, en l'occurrence. Il s'agit de Mimoune et de Khanafou. Les départs des dinosaures du gouvernement se veulent un message clair de la part du chef de l'Etat quant à sa volonté d'honorer ses engagements en matière de réformes politiques. En procédant au limogeage de la moitié des membres du gouvernement, le président Bouteflika a, semble-t-il, voulu faire plus qu'un simple ravalement de façade. Mais à y voir plus clair, la liste des partants comprend, surtout, des ministres réputés proches du président de la République. Serait-ce le signe que l'après-Bouteflika commence déjà ? Ou serait-ce, tout bonnement, une sorte de “vente concomitante" : le départ de Ouyahia contre celui des ministres du Président ? En tout cas, le sort du gouvernement sortant et les contours de celui à venir ont dû faire l'objet de consensus difficile au sommet de l'Etat, qui aura pris, quand même, plus de trois mois, pour se dessiner. En tout état de cause, le départ des dinosaures a de quoi soulager et rassurer l'opinion publique qui ne comprenait pas comment des responsables, dont la date de péremption avait expiré depuis fort longtemps, continuaient à survivre à toutes les crises. Pour bon nombre de ces ministres “éternels", les crises, les scandales et autres secousses ne constituaient pas de motifs d'inquiétudes. Aucun d'entre eux n'a osé démissionner, comme le bon sens l'aurait voulu, et aucun d'eux n'a été démis de ses fonctions à la suite de graves crises, sauf, peut-être, le cas particulier de Chakib Khelil, au lendemain du scandale de la Sonatrach. Mais, il faudrait, tout de même, admettre que ces ministres n'avaient pas d'autres choix, ou presque, puisque le président Bouteflika n'admettait pas qu'un de ses ministres démissionne, tout comme il n'admettait pas de démettre un ministre à cause d'une crise, histoire de ne pas donner l'impression d'avoir abdiqué devant la pression. A.B