Les femmes ont été oubliées dans le changement du gouvernement que vient d'opérer le président Bouteflika. La parité n'a pas été respectée dans l'équipe de Abdelmalek Sellal puisque sur trente-cinq portefeuilles ministériels que compte le gouvernement, trois seulement sont confiés à des femmes. Il s'agit de Dalila Boudjemaâ, secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Aménagement du Territoire, chargée de l'Environnement, Souad Bendjaballah, ministre de la Solidarité et de la Famille et de Khalida Toumi, ministre de la Culture. Pourtant, il était très attendu que le chef de l'Etat nomme au minimum une dizaine de femmes au sein de l'Exécutif compte tenu de ses discours sur l'impératif de donner à la femme algérienne la place qui lui revient en politique. C'était aussi dans l'ordre naturel des choses surtout après l'entrée de 146 femmes à l'APN à la faveur des législatives du 10 mai dernier. À plus forte raison que leur entrée en nombre au Parlement n'a pas été chose aisée. Il a fallu l'imposer à travers une loi spécifique portant sur l'élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues. C'est le président de la République lui-même qui a impulsé ce changement en instruisant l'ancien ministre de la justice, Tayeb Belaïz, de le défendre auprès des députés en vue de son adoption. Le projet de loi organique fixant les modalités d'élargissement de la représentation des femmes dans les assemblées élues stipule que chaque liste de candidats doit comporter une proportion de femmes qui ne peut être inférieure au tiers du nombre total des candidats de la liste sous peine de rejet. C'est une application de l'article 31 bis de la Constitution, amendée en 2008, qui énonce que l'Etat œuvre à la promotion des droits politiques de la femme en augmentant ses chances d'accès à la représentation dans les institutions. Mais la teneur de ce projet de loi qui avait fortement déplu aux députés du FLN et du MSP a failli être tout simplement rejetée. Leur argument était qu'“il n'y avait pas de femmes suffisamment compétentes pour faire de la politique". De son côté, la commission des affaires juridiques et administratives de l'APN, qui a eu pour mission d'étudier en premier ce texte, a introduit deux amendements, dont celui de ramener la proportion de femmes exigée dans une liste de 30% à 20%. Cet amendement vise, selon la commission, à mettre en adéquation cette loi, temporairement, avec la réalité sociale et les traditions et spécificités des régions du pays. C'est du moins l'argument avancé en mars dernier à l'occasion du débat de ce texte de loi à l'APN. La dénaturation de ce texte de loi a fortement déplu au chef de l'Etat qui a enjoint BelaIz de remédier à cette situation. L'ancien ministre de la Justice, qui avait fortement critiqué la commission juridique et les députés de l'Alliance présidentielle du FLN et du MSP, a usé de menaces pour faire passer le texte de loi. La ténacité du ministre de la Justice ainsi que l'insistance du président de la République à permettre à la femme une meilleure présence au Parlement auguraient pour beaucoup d'observateurs d'une ère nouvelle. Cependant, et au vu de la sous représentativité des femmes dans le nouveau gouvernement, il est trop tôt d'évoquer un quelconque changement par rapport à l'intégration des femmes dans le jeu institutionnel. N.M