Pour la direction du Front, l'Exécutif emmené par Ahmed Ouyahia, a perdu “toute crédibilité, dès lors qu'il se comporte comme un comité de soutien à Bouteflika”. Le départ du gouvernement Ouyahia constitue l'une des conditions essentielles pour la transparence et la crédibilité de la présidentielle de 2004. C'est le comité central (CC) du FLN, l'instance suprême du parti entre les deux congrès, qui l'exige dans une résolution finale, rendue publique, hier, à l'issue de sa session extraordinaire tenue, dimanche dernier, à Zéralda. “Le comité central, qui appelle à ce que la prochaine présidentielle soit entourée de toutes les conditions nécessaires à même de lui garantir la transparence et la crédibilité en vue de protéger le choix libre et souverain du peuple algérien revendique le départ immédiat de l'actuel gouvernement dans sa totalité et son remplacement par un exécutif neutre, crédible et garant des droits des partis politiques”, note en substance le FLN dans ses résolutions. L'impératif du départ de l'exécutif d'Ahmed Ouyahia qui se trouve être, en sus, le secrétaire général du RND qui vient d'exprimer son soutien pour un second mandat à Bouteflika, est expliqué par sa “perte de crédibilité”, dès lors qu'il se comporte comme un comité de soutien en faveur du président-candidat : “Des ministres et des ministres d'état se sont impliqués dans une campagne électorale prématurée et dans une opération de marketing en faveur du président-candidat en délaissant la gestion de leurs départements respectifs et en se détournant des attentes citoyennes”, affirme le parti de Benflis. Sur ce registre, il interpelle le président de la république sur l'impératif de “prendre conscience” de la gravité de la situation pour mettre un terme, dit-il, à toutes les déviations et aux dépassements dont se rend coupable son gouvernement. “L'instrumentalisation de départements ministériels, qui incarnent et symbolisent l'autorité de l'état et sa crédibilité au plan national et international afin de déstabiliser un parti politique (le FLN) fort de la légitimité populaire et géré selon la volonté souveraine de ses militants, n'est pas un fait anodin, mais un signal fort du danger qui guette la république et ses institutions est une menace pour l'image de notre pays dans le concert des Nations”, a expliqué Ali Benflis, dimanche, à l'ouverture de la session du comité central. La position de neutralité de l'institution militaire par rapport à la présidentielle à venir, exprimée par son chef d'état-major, le général Mohamed Lamari, est, en outre, saluée par le parti de Benflis qui la considère comme étant un des acquis des luttes démocratiques. Ce faisant, il met en garde contre l'utilisation de cette neutralité par le président-candidat dans l'objectif de la confiscation et du détournement de la volonté populaire en usant de la fraude électorale. évoquant, par ailleurs, “le complot ourdi fomenté par le président-candidat” contre le FLN surtout dans sa tentative d'invalidation du VIIIe congrès, le comité central tout en martelant sa détermination et la disposition de ses militants et ses instances dirigeantes à se défendre et à faire barrage à toutes les “atteintes à l'intégrité du parti, à son indépendance et à l'exercice de ses activités”, avertit des “conséquences de ces agissements”. C'est ainsi qu'il n'exclut pas un éventuel recours des militants à des manifestations de rue, indiquent des responsables du parti. D'ailleurs, Benflis a eu à préparer ses troupes, à cet effet, en leur martelant, dimanche dernier : “mobilisez-vous ! Unissez-vous ! Parlez de la même voix ! Défendez la dignité de votre peuple, l'image et la crédibilité de notre pays et les acquis de notre parti.” Dans sa riposte face à l'instrumentalisation des institutions de la république pour des ambitions électoralistes par président-candidat et ses soutiens, le FLN entend associer les partis et les associations. “Devant la gravité de la situation politique, le comité central interpelle la classe politique et le mouvement associatif à la mobilisation structurée pour faire face aux dangers qui menacent l'avenir du processus démocratique dans notre pays”, martèle le CC. N. M.