Qu'est-ce qui a pris à cet ancien opposant au régime de Kadhafi d'anticiper sur les résultats de l'enquête confiée au FBI ? Enquête qui ne fait que commencer. Une cinquantaine de personnes a été arrêtée par les autorités libyennes suite à l'attaque de l'ambassade US à Benghazi et le meurtre de l'ambassadeur Christopher Stevens et de trois fonctionnaires. Selon le président du Parlement libyen, Mohammed Al-Megaryef, dans une interview à la chaîne américaine CBS News, un petit nombre des auteurs de l'attaque au lance-roquettes “étaient des étrangers entrés en Libye par des endroits différents". Et d'asséner avec précision et certitude qu'ils se sont introduits par l'Algérie et le Mali. Quant aux autres, ils sont, toujours selon lui, “des complices, peut-être des sympathisants". Pour lui, l'attentat n'est pas une réaction au film islamophobe, mais “planifié, c'est certain, par des étrangers, par des gens entrés dans le pays il y a plusieurs mois. Et ils prévoyaient cette attaque criminelle depuis leur arrivée", a-t-il confié à la chaîne télé. Des affirmations contredites non seulement par Al-Qaïda qui a revendiqué l'attentat motivé par le film mais aussi par l'élimination de son numéro deux Abou Yahya Al-Libi, mais surtout par la déclaration de Susan Rice, l'ambassadrice US à l'ONU. Elle a assuré que tout a commencé par une manifestation spontanée à Benghazi. Une sorte de réplique aux manifestations du Caire qui étaient plus violentes. “Nous pensons qu'un petit groupe de gens sont venus au consulat pour copier ce qui se passait au Caire. Et puis, dans le déroulé des événements, il semble que des grappes d'extrémistes lourdement armés aient profité de la situation", a-t-elle déclaré en s'appuyant sur des informations qu'elle a eues. Les Etats-Unis ont envoyé un commando de marines sur place et une enquête est ouverte. Qu'est-ce qui a pris à cet ancien opposant au régime de Kadhafi d'anticiper sur les résultats de l'enquête confiée au FBI ? Enquête qui ne fait que commencer. Car, implicitement, il accuse l'Algérie d'être laxiste dans la sécurisation de sa frontière et d'avoir laissé passer les auteurs de l'attaque. Une accusation qui concorde avec celles déjà proférées par les membres du CNT prétendant que l'Algérie soutient Kadhafi puis d'avoir mobilisé et envoyé des mercenaires. Comme si l'Algérie a pris une position franche dans la crise libyenne pour laisser ses frontières devenir une passoire. Il a été pourtant prouvé que c'est la crise libyenne qui a provoqué, par prolongement et l'absence de tout contrôle sécuritaire, la grave dégradation de la situation au Sahel. Surtout lorsque ce pays est devenu le supermarché des trafiquants d'armes qui ont approvisionné les salafistes de la sous-région. Qu'en est-il également de la situation interne de la Libye ? Y a-t-il une autorité qui contrôle toutes les régions du pays ? La réalité du terrain démontre le contraire avec les affrontements réguliers entre tribus, d'autant plus qu'une majorité des “révolutionnaires" n'a pas déposé les armes et le gouvernement n'a pas réussi à les récupérer et encore moins à les persuader de les lui remettre. Lorsque la situation n'est pas maîtrisée et que des armes sont en libre circulation, il est prévisible qu'elles soient utilisées à un moment ou un autre. Par ailleurs, Al-Megaryef ne semble pas prendre au sérieux ni la menace d'Al-Qaïda qui s'est déjà manifestée en Libye, ni sa revendication de l'attaque de Benghazi. Al-Qaïda, dont la composante est multinationale, se déploie partout où éclate un conflit. En focalisant sur la poignée d'Algériens du groupe arrêté, le responsable libyen veut faire croire que l'Algérie est complice de la persistance de l'insécurité dans son pays. Il reproduit incidemment le sentiment de haine envers l'Algérie et contribue ainsi à son entretien. L'équipe libyenne de football nous a développé les preuves durant et après le match contre l'EN au Maroc. Une violence gratuite et une haine manifeste ! D B.