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Ces Algériens touristes des valises
Istanbul
Publié dans Liberté le 25 - 12 - 2003

Rien ne semble en mesure de les décourager. Même les attentats terroristes qui ont secoué Istanbul n'ont eu aucun effet sur eux. Eux, ce sont ces visiteurs que les Turcs appellent “les touristes des valises”.
Universitaire istanbouliote s'est borné à répondre à notre question sur les relations algéro-turques : “Il y a les échanges commerciaux officiels entre les deux pays qui se limitent de notre côté au gaz et du vôtre à certains produits finis, et il y a également vos touristes des valises, en majorité des jeunes.” “Ils effectuent régulièrement le trajet Alger-Istanbul-Alger, pour s'approvisionner en articles textiles, essentiellement, acquis à des prix défiant toute concurrence qu'ils commercialisent par la suite en Algérie”, a précisé notre interlocuteur, très au fait de cette activité fort lucrative. Ils sont jeunes, la trentaine tout au plus, et donnent l'impression de maîtriser correctement leur activité.
Ils sont facilement reconnaissables à l'aéroport d'Alger Houari-Boumediène à travers leurs discussions. Sortant de sa poche plusieurs pièces de monnaie turques qu'il a ramenées avec lui, probablement d'un précédent déplacement dans la ville du Bosphore, Kamel lance à son compagnon de voyage : “avec ces pièces, je pourrai au moins payer la nuit d'hôtel d'aujourd'hui.” “De toute manière, nous n'aurons à débourser de l'argent que pour l'hôtel, notre bouffe est dans les bagages.” Questionnés sur les risques qu'ils encourent, vu les attentats perpétrés récemment à Istanbul, et s'ils n'avaient pas peur, ils rétorquent en chœur : “Peur ? vous plaisantez, n'est-ce pas ?”
“Nous avons vécu pire que cela en Algérie. Ce ne sont pas deux petits attentats qui vont nous décourager. De toute façon, nous ne prenons pas de risques inutiles, car nous ne nous rendons jamais dans ce genre d'endroits à Istanbul. Nous allons directement là où nous avons affaire et nous n'avons pas de temps à perdre”, ajoute un autre. Les vols Alger-Istanbul-Alger affichent pratiquement complet grâce à eux, et ce, à la grande joie des compagnies Air Algérie et Turkish airlines. Ils arrivent toujours à se débrouiller le visa d'entrée en Turquie. Reste à savoir comment ils procèdent. Aucun d'entre eux n'a voulu divulguer son astuce. Toujours est-il que leur séjour à Istanbul est minutieusement réglé. Il est, d'ailleurs, généralement de courte durée. Quarante-huit à soixante-douze heures leur suffisent pour tout faire. Une fois sortis de l'aéroport Atatürk, ces jeunes s'arrangent entre eux pour prendre un taxi en commun dans le but de réduire leurs dépenses, pour aller directement à l'hôtel.
La destination finale est l'hôtel Kibele, situé dans le quartier de Beyazit dans la partie européenne d'Istanbul (voir notre encadré). Le choix de Beyazit s'explique uniquement par le fait que l'industrie textile de la ville y est concentrée. On y fabrique des vêtements en tous genres, notamment le prêt-à-porter d'imitation. Les ateliers sont situés dans les derniers étages des immeubles de trois à quatre paliers, en général. Les magasins sont collés les uns aux autres, faute d'espace dans ce vieux quartier. Nos jeunes “businessmen”, comme ils aiment être appelés, particulièrement ceux qui ont des moyens conséquents, font leurs commandes à partir d'Alger ou de Blida, car une bonne partie de la marchandise est écoulée au niveau de la ville des roses. Cela permet de réduire au maximum la durée du séjour. En effet, le lendemain de leur arrivée, les touristes des valises se dirigent directement vers leurs fournisseurs habituels pour prendre possession de leur commande. L'achat se fait au prix de gros.
À titre d'exemple, un costume pour homme en tissu de qualité moyenne est facturé à 20 dollars américains l'unité. Le prix peut baisser jusqu'à 15 dollars, si le tissu est de qualité inférieure. La facturation dépend également de l'ancienneté des rapports entre le client et le vendeur et, surtout, du nombre d'articles achetés. Les fournisseurs et leurs employés parlent tous arabe pour bien traiter avec les acheteurs. À Beyazit, vous n'avez pas besoin de parler en anglais pour vous faire comprendre. Commerçants, restaurateurs, hôteliers et chauffeurs de taxi vous surprendront toujours par leurs répliques en arabe, lorsque vous essayez de leur expliquer ce que vous voulez en anglais ou en français. Au marché du dimanche, les Algériens sont repérés de loin par les vendeurs qui les appellent : “Hadji, Hadji approchez j'ai des articles qui vous intéressent.” Dès qu'ils trouvent quelque chose qui soit réellement rentable, nos jeunes négocient ferme. Abasourdi, vous assistez à une baisse vertigineuse des prix. La réduction atteint parfois les deux tiers du prix initial. Devant nous, deux de nos compatriotes ont acheté toutes les vestes en cuir d'un marchand à 10 dollars l'unité, alors que le vendeur demandait initialement le prix de 30 dollars. Un peu plus loin, un jeune homme apparemment spécialisé dans les sacs pour dames s'offrait toute la marchandise d'un étal à deux dollars le sac. Une fois tous les achats terminés, les touristes des valises passent à l'étape du remplissage de leurs bagages. Cela se fait la veille de leur retour en Algérie. Ils se chargent alors de répartir intelligemment les vêtements et autres objets dans les cabas et valises, de façon à tromper la vigilance des douaniers. Cela est valable, bien sûr, pour ceux qui n'ont pas leurs entrées à l'aéroport d'Alger. Quant aux autres, ils ne prennent aucune précaution particulière tant ils sont assurés de ne pas être inquiétés. À la récupération des bagages, l'on remarque d'ailleurs aisément les interventions des uns et des autres pour une sortie sans problèmes devant les agents de contrôle des douanes. Ces derniers se trouvent obligés parfois de fermer les yeux devant le grade ou en raison des liens qu'ils ont avec l'intervenant. Voilà une activité commerciale fort lucrative et qui est en plus exonérée d'impôts.
K. A.
Hôtel Kibele
Le point de chute
Situé au beau milieu des ateliers et des magasins de textiles et de vêtements du quartier de Beyazit, où se concentre cette industrie légère d'Istanbul, l'hôtel Kibele est le point de chute de la majeure partie des “touristes des valises” algériens.
Tous ses clients sont Algériens. Le propriétaire mettra sans aucun doute un terme à son activité si jamais nos compatriotes décident de le boycotter un jour.
Les deux réceptionnistes, qui travaillent un jour sur deux chacun, comprennent parfaitement l'arabe algérien et semblent connaître parfaitement leurs clients, qu'ils appellent par leurs prénoms. Ils accèdent à toutes leurs requêtes, en se chargeant de leur commander leurs repas chez les gargotiers du coin, par exemple.
Le jour du départ, le réceptionniste en poste leur ramène devant la porte de l'hôtel les véhicules utilitaires pour le transport de leurs marchandises jusqu'à l'aéroport. Cela étant, un nouveau venu dans cet édifice de cinq étages est tout de suite frappé par les sacs, valises, grands cabas et colis gigantesques entassés un peu partout dans le vaste salon de la réception.
Aucun risque de perdre quelque chose ou de se faire voler. Le réceptionniste de service veille au grain. Il connaît parfaitement tout le monde. Il prend soin de tout savoir sur eux en consultant leurs passeports qui sont gardés à la réception jusqu'à l'heure de ce départ. Interrogé sur le motif de leur venue dans cet hôtel, Fateh, un des nombreux clients, dira : “Nous sommes des habitués ici. Nous bénéficions de toute la sollicitude voulue auprès du personnel. Mieux, nous n'avons pas besoin de parler dans une autre langue que la nôtre pour nous faire comprendre. Que peut-on demander de plus dans un hôtel ?” Son ami, Ali, ajoutera : “comme vous le voyez, on nous permet de stocker notre marchandise jusqu'au jour de notre départ. En bas au sous-sol, l'endroit réservé auparavant pour le service du petit-déjeuner, est maintenant transformé en lieu de stockage pour nous faciliter nos transactions.” “Outre cela, c'est un
lieu de confiance totale. Personne ne vient vous
importuner, comme c'est le cas dans d'autres hôtels, où l'on frappe à la porte de votre chambre pour vous proposer des femmes ou de l'alcool”, enchaînera Fateh.
C'est la bonne affaire pour le propriétaire de l'hôtel, qui redoute énormément le tarissement de ce filon inespéré. Et pour garder sa nombreuse clientèle, il ne lui refuse rien. Les deux réceptionnistes accèdent à tous les désirs des clients habituels. Il y en a même qui ont bénéficié de remises sur les tarifs pratiqués.
K. A.


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