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L'Algérie doit-elle s'engager au Mali ?
Publié dans Liberté le 03 - 10 - 2012

C'est étonnant comme, autour de nous, on découvre le péril islamiste au Maghreb à travers... l'occupation du nord Mali et de ses attaques et kidnappings dans la région du Sahel. Vingt et un ans après l'attaque de la caserne de Guemmar, vingt ans après la bombe de l'aéroport d'Alger et dix-sept ans après l'attentat de la station Saint-Michel à Paris.
Quand, à longueur de débats télévisés, on écoute les “spécialistes" qui reprochent à l'Algérie son hésitation à s'engager dans une guerre, au demeurant déjà décidée, on mesure combien on peut changer de logique rien qu'en changeant de lieu. Là, on se rappelle surtout de l'écrasante solitude d'être “éradicateur" dans les années 1990. Les mêmes voix, qui alors accablaient cette armée d'éradicateurs, et même tout civil suspecté de servir les desseins de cette armée en ce qu'il prônait de combattre la stratégie islamiste du meurtre et de la terreur, hésitent à peine aujourd'hui d'accuser cette armée de désertion... au Mali ! Parmi ces mêmes voix, celles de Hollande et Fabius, désormais concepteurs de la diplomatie française, voire occidentale, au Sahel.
Certes, cette guerre au terrorisme en Algérie ne s'est sûrement pas faite sans son lot de dépassements. Et la question des disparus, maintenant assumée par les institutions officielles elles-mêmes, est un des stigmates de cette guerre, impropre par certains aspects, mais salutaire pour ce qu'on connaît du projet islamiste. On a été plus indulgent avec la paix honteusement amnistiante que le pouvoir a unilatéralement offerte aux terroristes. Par défaitisme ou par opportunisme politique, nous avons eu donc notre moment de renoncement.
Mais le prix était déjà payé. Et notre guerre contre le terrorisme a eu lieu. Et se poursuit, en dépit de tout.
Voyons comme, de l'autre côté de la mer, les apôtres du “qui-tue-qui", de la “réconciliation" et de la “représentativité" de l'islamisme d'hier ne se gênent pas, aujourd'hui, pour diffuser des images de destruction de mausolées ou de mutilation de “voleurs" pour justifier l'intervention militaire au nord Mali. Or, “l'œuvre" des MIE, GIA... et autres GSPC, dans une seule des mille communes d'Algérie, est sans commune mesure avec ce qui s'est passé dans huit cent mille kilomètres carrés du nord Mali.
Huit cent kilomètres carrés de désert que l'on veut conquérir avec trois mille hommes. Pas besoin d'être stratège militaire pour voir la vanité d'une telle entreprise. Il suffit de se rendre compte que les talibans sont toujours à la porte du pouvoir en Afghanistan, malgré une impressionnante armada durablement mobilisée.
Le rapport à la population et au territoire n'est pas le même pour une armée régulière et pour des groupes terroristes.
C'est autre chose qu'une guerre qu'il aurait fallu. Un Mali fort et démocratique.
Comme il eut fallu une Algérie forte et démocratique pour nous éviter une tragédie qui perdure depuis vingt ans.
Mais là n'est pas le problème de la communauté internationale. Elle s'étonne seulement qu'un pays assez fort pour lutter contre le terrorisme refuse, à son tour, de l'accompagner dans ce qu'elle croit être une autre expédition “libératrice".
Or, le Mali d'aujourd'hui n'aurait pas été possible si l'Algérie n'avait été contrainte de subir la stratégie de l'isolement face à l'agression islamiste, hier.
M. H.
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