Il apparaît de plus en plus évident que M. Ouyahia compte parvenir à “son dialogue” sans avoir à satisfaire les préalables dont il a fait des incidences. À la faveur des deux conclaves tenus ce week-end en Kabylie, la vérité commence peut-être à poindre, telle une lueur d'espoir, sur la région et sur l'avenir du mouvement citoyen. Si la réunion d'Akbou, où se sont retrouvées les coordinations opposées au dialogue tel que voulu par Ouyahia, n'a servi qu'à réaffirmer les principes originels de la contestation née des évènements du Printemps 2001, ce n'est déjà pas peu de choses par ces temps de doutes, de démobilisation et de renoncements. La réunion de Boudjellil, animée par les délégués déclarés partants pour ce dialogue, a révélé quant à elle bien des quiproquos. Le premier d'entre eux, et non pas le moindre, est que l'aile acquise à l'option du dialogue ne détient pas suffisamment d'arguments pour parvenir à un consensus à l'intérieur même de ses rangs. Ses délégués étaient incapables, au bout de longs palabres et des échanges difficiles ayant marqué leur conclave, d'avoir une seule réponse à la question de savoir si Ahmed Ouyahia a répondu ou non aux préalables posés par eux-mêmes depuis deux mois. Et ils ont bien raison de douter : le Chef du gouvernement n'a pas seulement manqué de clarté dans ses appels aux archs, il a plutôt cultivé le flou, assuré qu'il devait être de l'adhésion quasi pavlovienne d'une clientèle auparavant bien travaillée. Car, comme les voies du Seigneur, les chemins du dialogue peuvent quelquefois se révéler aussi impénétrables. Il apparaît, en effet, de plus en plus évident que M. Ouyahia compte parvenir à “son dialogue” sans avoir à satisfaire les préalables dont il a fait des incidences. C'est précisément cela qui, depuis deux mois, divise les archs et aujourd'hui subdivise leur aile “dialoguiste”. Voilà pourquoi les coordinations réunies à Boudjellil ont dû surseoir à toute décision malgré le forcing opéré par une minorité de conclavistes pour faire admettre l'idée d'une délégation devant faire le déplacement au Palais du gouvernement. Un forcing manifestement dicté par le souci d'honorer quelque cahier des charges. On en saura plus lundi, lorsque les travaux de ce conclave, suspendus sine die, reprendront. Faudra-t-il alors s'étonner de voir une telle délégation se constituer d'autorité ? Non, car c'est connu, la fin justifie les moyens. Et il se trouve que les moyens ont été grandement mobilisés. S. C.