Privilégiant la diplomatie à une intervention militaire au Mali, l'Algérie ne rate aucune occasion dans les différents forums internationaux et régionaux pour faire admettre sa vision des évènements avec le soutien de quelques acteurs de la région et surtout des Etats-Unis. Constituant actuellement un pôle d'intérêt de la communauté internationale, la crise malienne figure également parmi les priorités des autorités algériennes, en raison du fait que le Mali est un pays frontalier du nôtre, et dont les conséquences pourraient avoir des retombées négatives sur cette partie de l'Algérie. À partir de là, la diplomatie algérienne s'active afin de contribuer à régler pacifiquement ce dossier, au moment où d'autres pays privilégient l'option militaire. En effet, Alger estime qu'il est encore possible de trouver une solution politique à cette crise. Sachant pertinemment que l'enlisement engendrerait inévitablement une situation intenable, l'Algérie s'active à sensibiliser les parties concernées sur la gravité du conflit en militant pour une solution politique négociée qui doit être dégagée dans les meilleurs délais, sans porter atteinte à l'intégrité territoriale du Mali. À partir de là, elle insiste sur la coordination entre les différents acteurs de la communauté internationale afin qu'il soit tenu compte de la volonté des Maliens, des prérogatives de la Communauté économique des pays de l'Afrique de l'Ouest, ainsi que des intérêts de sécurité nationale des pays du champ voisins du Mali que sont l'Algérie, le Niger et la Mauritanie. C'est dans cette optique que le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines, Abdelkader Messahel, s'est rendu hier à Nouakchott dans le cadre d'une tournée régionale qui le mènera successivement en Mauritanie, au Mali et au Niger. Bien que cette tournée s'inscrive dans le cadre des consultations régulières entre les pays du champ sur la situation au Sahel, la crise au Mali et les perspectives de son règlement dans le respect de l'intégrité territoriale du pays et des intérêts supérieurs du peuple malien et des peuples de la région sont les principales raisons du périple d'Abdelkader Messahel. Il mettra à profit le dialogue avec ses interlocuteurs pour “renforcer" la coopération entre les pays du champ, à travers les mécanismes existants (comité politique, comité d'état-major conjoint, Cemoc, et l'unité fusion liaison, UFL) dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé transnational. Connaissant le rôle de la France dans les décisions de la Cédéao, le ministre algérien a eu, entre-temps, des entretiens à Paris avec le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, ainsi qu'avec Jean-Félix Paganon, représentant spécial de la France pour le Sahel, et Hélène Legalle, chargée de l'Afrique à la cellule diplomatique de l'Elysée, sur la situation au Sahel, plus particulièrement au Mali. Ceci étant, l'Algérie est forte par le soutien des Etats-Unis d'Amérique, qui appuient de manière soutenue l'approche algérienne dans le règlement de la crise malienne, en excluant une éventuelle intervention militaire américaine dans le nord du Mali et en privilégiant une solution politique. Le général Carter F. Ham, commandant en chef du commandement des forces armées américaines en Afrique, avait affirmé, lors d'une conférence de presse à Alger, que son pays n'envisageait pas une présence militaire dans le nord du Mali, précisant à cet égard que “la seule alternative qui ne pourrait pas exister, c'est la présence militaire américaine dans le nord du Mali". MT