Le moment le plus chargé d'émotion fut sans doute l'instant où l'actuel chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, remit l'emblème national qui couvrait le cercueil du défunt à son fils. C'est à côté de la tombe encore fraîche du premier Président de l'Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, que reposera, désormais, le défunt chef d'Etat, Chadli Bendjedid. Les obsèques officielles auront duré toute la journée d'hier, avec un passage du cortège funèbre par les grandes artères de la capitale. Un hommage posthume à celui qui a dirigé le pays pendant treize ans, de 1979 à 1992. Au cimetière d'El-Alia, l'attente fut longue. Les “invités", triés sur le volet, ont commencé à affluer dès 10 heures du matin alors que la dépouille n'est arrivée qu'à 15 heures. Le président Abdelaziz Bouteflika, qui a conduit le cortège funèbre depuis le Palais du peuple, a accompagné le cercueil, aux côtés de l'autre ancien président, du HCE, Ali Kafi. Des salves ont été tirées pour rendre un ultime hommage au défunt, alors que l'oraison funèbre a été confiée au ministre des Moudjahidine, Mohamed-Chérif Abbas. Le cimetière d'El-Alia s'était transformé, le temps d'un enterrement, en un lieu de retrouvailles entre anciens et actuels responsables du régime. Les anciens Premiers ministres étaient tous là, à commencer par Mouloud Hamrouche, Sid-Ahmed Ghozali, en passant par Mokdad Sifi, Smaïl Hamdani, Ali Benflis et Ahmed Ouyahia. D'anciens ministres, qui avaient symbolisé l'ère Chadli, étaient là, à l'instar d'El-Ibrahimi, Brerhi, Nabi, Mohammedi et Benfréha. Des généraux à la retraite, comme Ataïlia et Nezzar, étaient également présents, comme le furent plusieurs anciens dirigeants des grandes sociétés et des grandes administrations de l'époque. La cérémonie des obsèques a vu, également, la présence du corps diplomatique accrédité en Algérie, mais aussi le déplacement des chefs de la diplomatie marocaine, tunisienne, ainsi que le ministre égyptien des Affaires religieuses et le fils de l'émir du Qatar. Plusieurs présidents de partis politiques étaient également présents, aux côtés de moudjahidine et d'anciens cadres de la nation, et les membres des corps constitués, alors que le public a été tenu à l'écart, jusqu'à la fin des cérémonies officielles, réglées par les services de la présidence de la République. Le moment le plus chargé d'émotion fut sans doute l'instant où l'actuel chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, remit l'emblème national qui couvrait le cercueil du défunt à son fils. Ce dernier, serrant l'emblème très fort, a fondu en larmes. Pour le reste, ce fut surtout un moment de retrouvailles, de conciliabules et surtout une occasion médiatique à ne pas rater. Contrairement aux obsèques de feu Ben Bella, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, était présent, à quelques mètres seulement de la délégation marocaine, et au moment de l'enterrement, ils étaient carrément collés les uns aux autres, sans que cela crée le moindre incident. Il est vrai que le cérémonial n'aura duré, en tout, qu'une trentaine de minutes et que les services du protocole veillaient au grain. A B