Liberté : Pouvez-vous présenter le bilan des activités d'ALNAFT durant le premier semestre 2012 ? M. Betata : Avant d'aborder les réponses à vos questions, je voudrais vous remercier pour l'intérêt que vous manifestez à l'agence ALNAFT et ses activités. Permettez-moi aussi de remercier, à travers vous-même, le journal LIBERTE pour l'espace de communication qui nous est offert pour informer les lecteurs de votre journal sur les activités du secteur des hydrocarbures en général et celles de l'agence ALNAFT. Le bilan d'ALNAFT relatif au premier semestre de l'année en cours, a connu l'achèvement de plusieurs chantiers, pendant que d'autres sont entamés au cours de la même période. Cette période s'est caractérisée par la finalisation de l'organisation interne de l'agence ALNAFT et par le renforcement de nos capacités dans le volet ressources humaines afin d'assurer les missions qui sont dévolues à l'agence ALNAFT par la loi 05-07 relative aux hydrocarbures à savoir, notamment, de suivi et de contrôle des réalisations techniques, ainsi que celles portant sur l'audit et le contrôle des coûts relatifs à l'ensemble des opérations de l'amont pétrolier réalisées dans le cadre de l'exécution des contrats de recherche et/ou d'exploitation en cours. Ainsi, dans le cadre de l'adaptation de l'organisation d'ALNAFT, une nouvelle direction audit et contrôle des coûts a été mise en place et est déjà opérationnelle. Les missions d'audit ont déjà commencé à être menées sur le terrain. Un programme de missions d'audit est déjà tracé et qui s'étalera au-delà de l'année en cours. La préparation du programme d'audit des coûts pour l'exercice 2013 est déjà lancée. A titre de rappel, je voudrais attirer l'attention des lecteurs sur l'importance de cette mission compte tenu de son impact notamment sur les revenus fiscaux. C'est pourquoi, les dispositions de la loi 05-07 prévoient que, pour être pris en compte dans le calcul de la fiscalité, les coûts doivent être préalablement approuvés par ALNAFT. Dans le cadre des travaux d'amélioration de l'état de connaissance du potentiel de notre domaine minier national, des études portant sur l'évaluation du potentiel en hydrocarbures non conventionnel notamment les « shale gas » sont réalisées, dont certaines ont été achevées et d'autres en cours de lancement. Dans le même sillage, nous prévoyons d'inscrire au titre du programme d'actions de l'exercice 2013 le lancement d'un programme complémentaire d'études pour l'évaluation du potentiel en hydrocarbures aussi bien conventionnel que non conventionnel notamment dans les régions du Nord de l'Algérie, de l'offshore et de certains bassins sédimentaires largement sous explorés. Pour les hydrocarbures non conventionnels, nous concentrerons nos efforts sur le lancement des études d'évaluation du potentiel et sur les études liées aux aspects de protection de l'environnement notamment les aspects liés à la protection de l'environnement et des aquifères. Bien entendu, nous sommes engagés dans la poursuite des efforts déjà fournis pour évaluer le potentiel en hydrocarbures non conventionnels. En plus des actions récurrentes, plusieurs actions ont été menées par ALNAFT dans le cadre de l'exercice de ses missions. A ce titre, je vous citerai essentiellement les réalisations suivantes : Quels sont les projets de développement de gisements de gaz et de pétrole qui ont reçu le feu vert d'Alnaft durant cette période? Permettez-moi d'abord de vous rappeler quelques chiffres que j'estime important à signaler à vos lecteurs. Durant la période comprise entre l'année 2010 et le premier semestre 2012, ALNAFT a approuvé 78 plans de développement (POD). Ces approbations correspondent aussi bien à des gisements dont les plans de développement (POD) sont réexaminés dans le cadre d'une révision suite à l'acquisition de nouvelles informations ou dans le cadre de la mise en production de découverte après finalisation des travaux de délinéation. Quelles sont les quantités de gaz et de pétrole qui seront produites annuellement (estimations) et les investissements programmés à la faveur de la mise en service des projets de développements de gisements approuvés par Alnaft de 2010 jusqu'au premier semestre 2012? Comme je viens de l'annoncer précédemment, ALNAFT a eu à approuver 78 plans de développement durant la période comprise entre 2010 et le 1er semestre 2012. Ces approbations concernent aussi bien les révisions de plans de développement déjà approuvés et ceux relatifs à des gisements nouveaux qui seront mis en production après la finalisation des travaux de développement ; la nuance est de taille. Il y a lieu donc, de faire la distinction entre les productions qui seront issues de la mise en œuvre des nouveaux plans de développement et celles relatives aux révisions des plans de développement approuvés. A ce stade, vous conviendrez avec moi, que de l'état de connaissance actuel de ces gisements ne nous permet de disposer que d'estimations établies sur la base des profils de production prévisionnels qui tiennent compte d'un certain nombre d'incertitudes. La mise en œuvre des plans de développement ainsi que les premières années de production qui sont riches en information complémentaires permettront sans nul doute d'affiner l'état de connaissance de gisement et par voie de conséquence mieux cerner les incertitudes pour améliorer la récupération des hydrocarbures. Pour ce qui est des quantités de gaz et de pétrole qui seront produites après la mise en œuvre des plans de développement relatifs aux nouveaux gisements que je viens de mentionner, il appartient à Sonatrach et à ses partenaires de travailler et de se concentrer dans la mise en œuvre des programmes de travaux approuvés dans ce cadre. Pour ce qui est de l'estimation du montant des investissements à consentir pour la réalisation des plans de développement (POD) approuvés par ALNAFT en 2010, 2011 et le 1er semestre 2012, le montant global est estimé à près de 15 milliards US $, dont 57% concernent l'activité en effort propre de SONATRACH. Si nous considérons le premier semestre 2012 à lui seul, le montant des investissements prévus pour la mise en œuvre des plans de développement approuvés par ALNAFT, est de l'ordre de 3,5 milliards US $, dont 80% pour l'effort propre de SONATRACH. Vous avez tenu des séances de discussions avec les partenaires étrangers, quels sont les aménagements à la législation algérienne sur les hydrocarbures souhaités par ces compagnies étrangères? Effectivement, l'une des principales préoccupations d'ALNAFT consiste à mettre en place une stratégie de communication et des procédures permettant, entre autres, d'encourager les investisseurs étrangers non seulement en vue de renforcer davantage le développement des activités de la recherche et de l'exploitation des hydrocarbures, mais également pour ouvrir de nouveaux horizons de partenariat en diversifiant le volume des échanges d'expériences et de transfert technologique. Ainsi donc, un contact et un dialogue réguliers sont instaurés, et des séances de travail sont régulièrement tenues, aussi bien avec nos partenaires traditionnels qu'avec tous les opérateurs et les compagnies désirant investir en Algérie notamment avant et après le lancement des trois (3) appels à la concurrence. De ces discussions, qui visent essentiellement à expliquer davantage à nos partenaires nos attentes et demeurer à l'écoute de leurs préoccupations, permettez-moi de vous évoquer les principaux souhaits exprimés par les diverses compagnies reçues, auxquels ALNAFT a répondu par une prise en charge de certaines améliorations demandées. Commençons, si vous le permettez, par la préoccupation commune à presque toutes les compagnies : il s'agit des termes fiscaux appliqués aux projets qui, selon nos hôtes, ne permettent pas de dégager une rentabilité attractive, notamment lorsque les réservoirs sont compacts, ou bien dans le cas des gisements marginaux, ou encore les zones à géologie complexe et au risque d'exploration élevé. Il est à noter que les termes fiscaux sont fixés par la loi et, par conséquent, il n'est pas de nos prérogatives de procéder à une quelconque modification relevant de cet aspect. Toutefois, ALNAFT a informé les autorités compétentes de l'existence d'une telle préoccupation de la part des compagnies pétrolières. Outre l'aspect lié aux termes fiscaux que je viens d'évoquer, je peux vous citer quelques autres préoccupations soulevées lors de nos discussions et qui concernent les améliorations et assouplissement de la procédure d'appel à la concurrence, et que nous avons prises en charges, à la grande satisfaction de nos partenaires : Pouvez- vous présenter les axes du plan de modernisation d'Alnaft à moyen terme, notamment les mesures pour renforcer les ressources humaines d'Alnaft? L'essentiel des actions menées par ALNAFT dans le cadre des missions qui lui sont assignées par la Loi sur les hydrocarbures, reposent sur le suivi et le contrôle et requiert pour cela une expertise avérée de son personnel dans les domaines particuliers où elle intervient. Aussi des actions permanentes et régulières sont menées vers le personnel d'ALNAFT, pour lui permettre d'acquérir en permanence un savoir-faire et une expertise certaine. Il n'est fait appel à l'expertise externe à l'agence (bureaux d'études, experts nationaux ou étrangers...etc.) que pour des cas spécifiques et ponctuels qu'ALNAFT ne peut traiter par ses propres moyens. Ces actions de contrôle et d'expertise couvrent toutes les activités de recherche et d'exploitation qui s'exercent sur l'étendue du domaine minier national (dont la superficie avoisine les 1,5 million km2). Les techniques dans l'industrie pétrolière évoluant rapidement, la relève des défis oblige ALNAFT à ne pas se soustraire à la voie de la modernisation qu'elle doit impérativement emprunter. La question de la mise en place d'un plan de modernisation d'ALNAFT est pertinente à plus d'un titre et les prémices de celui-ci après quelques années d'existence de l'agence sont déjà mises en place. Un plan d'action en ce sens a été défini et doit être exécuté et mené au terme de ses objectifs Pour ce faire, les efforts de l'Agence sont orientés selon plusieurs axes dont, essentiellement la dotation en composante humaine qualifiée. L'amélioration des capacités et des qualités techniques du personnel en place par l'organisation de formations bien ciblées, effectuées aussi bien en Algérie qu'à l'étranger constitue pour nous un élément majeure de ce plan d'action. Initiée depuis quelques années, cette action de formation ne cesse de s'améliorer aussi bien en nombre de formations effectuées et de cadres bénéficiaires, qu'en qualité et en diversité des thèmes choisis. C'est une action qui est appelée à se poursuivre durant les prochaines années en tenant compte des besoins identifiés. Ce plan d'action renferme également des actions liées au renforcement des missions de contrôle de l'Agence par notamment le lancement de la mise en place d'une direction Audit et d'un projet « Référentiel des coûts ».