Il s'agit d'un programme de réforme de trois ans. “La Banque mondiale est en discussions avec l'Algérie en vue de la conclusion d'un accord de trois ans appelé CAS. La décision interviendra entre décembre 2002 et février 2003, de façon à ce que le programme d'appui aux réformes, contenu dans l'accord, soit soumis au conseil d'administration de la Banque mondiale avant la fin de l'année fiscale 2003 (à l'automne)”, nous a indiqué un responsable Afrique du Nord-Moyen-Orient de la Banque mondiale, sans toutefois nous préciser les détails de l'arrangement. Le contenu du CAS, les besoins et les moyens de financement sont l'objet de discussions. Il s'agit vraisemblablement de la poursuite des réformes approfondies destinées à soutenir la croissance économique : appui au secteur privé, privatisation, modernisation des banques… Notre interlocuteur souligne que c'est l'Algérie qui décide. Elle a mandaté la Banque mondiale pour appuyer ses réformes. Il convient de rappeler que l'Algérie a signé un accord similaire d'un an en 1996. Il portait sur un programme de privatisation des petites et moyennes entreprises (EPL) ainsi que celle de la BDL. L'accord était adossé à un prêt de la Banque mondiale. Il intervenait à la suite des arrangements conclus avec le FMI (stand-by d'un an et facilité élargie de trois ans). Ce premier cas était assorti de conditionnalités. L'Algérie avait fait plus que ce que lui demandait la Banque mondiale en matière de liquidation d'entreprises, considérée par cette institution comme une forme de privatisation. De quoi lui valoir le satisfecit de la Banque mondiale. Mais la privatisation de la BDL a avorté. L'Etat n'avait pu placer par la suite une vingtaine d'agences de cette banque dont certaines étaient bien situées.Revenons aux discussions avec la Banque mondiale. L'accord prévu suscite la surprise. “Après le FMI, c'est le FMI !” “Après le FMI, la Banque mondiale”. Boutades qui traduisent l'incapacité de l'Algérie à avancer les réformes sans le concours d'institutions financières internationales. Celles-ci ont le mérite, disait un ancien ministre, de pousser l'Algérie à adopter la rigueur et la rationalité dans la gestion ainsi qu'à appliquer les réformes indispensables. Après mai 1998, c'est-à-dire la fin de la mise en œuvre de l'accord avec le FMI, les portes furent vite ouvertes aux hésitations en matière de poursuite des réformes dont les indices sont les lenteurs dans la finalisation de la réforme bancaire et dans le lancement des opérations de privatisation. À noter que la Banque mondiale joue une une triple fonction. Elle garantit les prêts, finance les projets et assiste ou conseille les Etats membres, en particulier dans la mise en œuvre des réformes. À l'opposé, il convient de s'interroger sur la nouvelle facture à payer pour que ces réformes passent, si l'Algérie venait à décider de signer l'accord. N. R. Portefeuille des projets 470 millions de dollars non décaissés • La Banque mondiale a en cours d'exécution en Algérie une dizaine de projets. Les plus récents sont la modernisation du système budgétaire (enveloppe de 23 millions de dollars), l'appui aux réformes de l'énergie et des mines (18 millions de dollars), la modernisation du système de paiement bancaire (16,5 millions de dollars), l'assistance à la réforme des transports (8,7 millions de dollars), celle des télécommunications (9 millions de dollars). Les plus anciens sont le projet de réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable des grandes villes (110 millions de dollars) et de pollution industrielle. Le premier projet, qui remonte à 1994, connaît un très grand retard. Initialement, quatre grandes villes bénéficiaient du projet : Alger, Oran, Constantine et Annaba. Finalement, avec la réévaluation du projet, on a décidé la réhabilitation des réseaux d'alimentation en eau potable d'Alger et d'Oran seulement. La Société des eaux de Marseille à Alger et la Saur à Oran ont entamé les travaux. Mais il faut attendre des années pour que le gros problème de fuites dans la capitale soit solutionné. La réhabilitation ne sera que partielle malgré les 110 millions de dollars prévus pour ce projet. 60 millions de dollars ne sont pas encore décaissés. Quant au projet de lutte contre la pollution industrielle qui touche les entreprises Asmidal et Sider, il date de 1996. Sur une enveloppe de 78 millions de dollars, 61 millions de dollars ne sont pas encore décaissés. Ce qui montre que le projet connaît un retard. Là, les responsabilités sont partagées entre les autorités du pays et la Banque mondiale. N. R.