Règne des milices d'ex-rebelles, menaces islamistes, conflits tribaux, revendications sociales : depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en octobre 2011, la Libye peine à se reconstruire. Les nouvelles autorités sont incapables de rétablir la sécurité face à la prolifération de milices qui retardent la construction d'une réelle autorité politique. Pis encore, la nouvelle Libye fait face à la montée de l'extrémisme, des éléments d'Al-Qaïda sont signalés dans le pays où ce ne sont pas les armes qui font défaut. L'attaque contre le consulat américain à Benghazi, le 11 septembre, dans laquelle l'ambassadeur des Etats-Unis et trois agents américains ont trouvé la mort, a illustré la montée en puissance des groupes islamistes radicaux qui œuvrent en toute liberté, notamment à l'est du pays. Réagissant à cette situation, le président de l'Assemblée nationale libyenne, Mohamed al-Megaryef, a estimé, dans un discours diffusé dans la nuit de vendredi à samedi, que la “libération" du pays du régime de Mouammar Kadhafi n'a pas été complètement réalisée, un an après la mort du dictateur déchu. M. Megaryef a dressé un bilan sombre de la période post-Kadhafi, faisant état d'un “retard et une négligence" dans la formation d'une armée et d'une police, le contrôle des armes, et la non-intégration des ex-rebelles dans les institutions de l'Etat. Il a cité aussi un retard dans la réforme de la justice ainsi que le dossier de la réconciliation nationale. “Cette situation a engendré un état de mécontentement et de tension parmi les différentes composantes de la société ainsi que la propagation du chaos, du désordre, de la corruption, ce qui a engendré une faiblesse dans le rendement des différents organismes gouvernementaux", a déclaré M. Megaryef. Il faut savoir qu'après la disparition de l'ex-guide de la Révolution verte, les Occidentaux se sont empressés de partager le gâteau pétrolier. La reprise rapide de la production de l'or noir a atteint son niveau d'avant le conflit de 2011 ! Ce riche pays pétrolier du Maghreb dispose cette année d'un budget de 56 milliards de dollars, le plus élevé de son histoire. Mais, tentent d'expliquer les Occidentaux et les autorités de Tripoli, Kadhafi a laissé derrière lui un lourd héritage : un pays dépourvu d'institutions, une armée marginalisée et ses fidèles accusés d'œuvrer à entraver le processus démocratique en Libye. Elu la semaine dernière par le Parlement, Ali Zeidan devrait succéder à Abdelrahim al-Kib, dont le gouvernement a conduit une première période de transition mouvementée, mais qui a le mérite d'avoir organisé le premier scrutin libre du pays dans un contexte difficile. Le gouvernement sortant a échoué à réactiver les services de sécurité et à y intégrer les ex-rebelles devenus un casse-tête pour les autorités. Le nouveau gouvernement doit aussi se pencher sur la réactivation de la justice, sur fond de critiques des organisations internationales de défense de droits de l'homme qui dénoncent des actes de torture et des arrestations arbitraires menées par les ex-rebelles en toute impunité. D. B