Le ministre des Moudjahidine estime que “la reconnaissance des massacres du 17 Octobre 1961 (en France) est d'abord politique, vu la manière dont elle a été conçue". Les Algériens “veulent une reconnaissance franche des crimes perpétrés à leur encontre par le colonialisme français". C'est ce qu'a déclaré, hier à Alger, le ministre des Moudjahidine, Mohamed-Chérif Abbas, dans un entretien accordé à l'agence APS, à la veille de la célébration du 58e anniversaire du déclenchement de la Révolution. Pour ce dernier, ce ne sera que justice pour le peuple algérien “sans défense", qui avait alors subi “la torture, les mutilations et la destruction", et compte tenu aussi de l'impact de ces crimes “dans l'esprit même des générations qui n'ont pas vécu cette période". Le ministre a, en outre, déclaré que “la reconnaissance des massacres du 17 Octobre 1961 (en France) est d'abord politique, vu la manière dont elle a été conçue". La sortie de Chérif Abbas se veut apparemment une réponse aux autorités françaises qui hésitent à faire acte de repentance pour le passé colonial. Et aussi un rappel de ce qui est attendu du président français, François Hollande, qui doit effectuer une visite en décembre à Alger. Se basant sur le message que le président Bouteflika a transmis à son homologue français, à l'occasion de la Fête nationale de son pays, le ministre rappelle, en effet, que “chaque partie a conscience de ce qu'elle attend de l'autre et de ce que l'autre attend d'elle". Les déclarations de Mohamed-Chérif Abbas font ainsi écho à celles émises par la Commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'Homme (Cncppdh). Dans une déclaration rendue publique, il y a trois jours, Farouk Ksentini, président de cette institution, avait affirmé que la colonisation “a été un crime massif" et a invité la France à “se repentir si elle envisage d'établir avec l'Algérie (...) de véritables relations de qualité à la fois nouvelles et denses, mais délivrées d'un passé tragique". Me Ksentini avait également fait part des souffrances du peuple algérien “dont il n'est pas sorti indemne et qu'il ne peut effacer de sa mémoire". Non sans signaler que la repentance n'est “ni une danse humiliante ni un aveu". Selon lui, les méfaits de la colonisation étant connus depuis toujours, “l'on comprend mal les hésitations de l'Etat français actuel, par ailleurs si vif en matière de commémorations, à reconnaître officiellement les fautes des générations politiques, qui lui ont été antérieures et à poursuivre pour que celles-ci soient pardonnées par ceux qui en ont été les victimes". H. A