La Société franco-algérienne de psychiatrie (SFAP) tient depuis hier au Sheraton d'Oran son 6e congrès sur le thème : “Suicide, addiction, santé et population". Cette rencontre intervient au vu de l'évolution inquiétante du phénomène des suicides et des addictions en Algérie, ces dernières années. La communauté médicale et particulièrement les psychiatres, se sentent de plus en plus interpellés par le phénomène des suicides et des addictions, au point où les participants au congrès demandent la création en urgence d'un observatoire national des suicides et des drogues. À ce propos, le Dr Mohamed Taleb président de la SFAP dira : “l'Algérie était considérée comme un pays où le nombre de suicides était faible à l'image des pays musulmans puisque l'on avait une incidence de 3 à 4 suicides pour 100 000 habitants. Mais depuis les évènements tragiques, nous avons le sentiment que ce problème est devenu plus important au même titre que la consommation de drogue. La situation est préoccupante avec l'apparition de drogues dures comme la cocaïne, le crack ou l'héroïne... Il est urgent de mobiliser l'ensemble de la société algérienne, avec l'implication de tous, médecins, spécialistes, sociologues, représentants des corps de sécurité, de la justice", ajoute notre interlocuteur. Face à cette situation complexe, les différents psychiatres estiment qu'il faut aller vers des enquêtes épidémiologiques fiables, de nature à permettre de cerner le phénomène des suicides dans notre pays afin d'élaborer de vraies politiques de prévention. Dans ce contexte, l'intervention du professeur Ziri Abbas, psychiatre, à travers son étude sur les cas de suicides dans la wilaya de Tizi Ouzou, a été suivie avec beaucoup d'attention. “En temps de crise et partout dans le monde, l'on constate que le nombre de suicides baisse parce qu'il y a justement un resserrement des liens sociaux et familiaux", explique notre interlocuteur. Et de poursuivre : “Ce sont les hommes qui sont les plus touchés." Pour les immolations par le feu, une communication présentée montrera qu'en 2011, 32 personnes sont décédées par immolation par le feu. Analysant ce mode de suicide, le Dr Gasmi expliquera que l'immolation par le feu “est une conduite qui peut survenir chez tous les sujets confrontés à un passage difficile qui déborde sur leurs capacités d'adaptation", en arguant du fait que “se brûler est un moyen d'interpeller les pouvoirs publics sur le désir de vivre dignement". D. L