Résumé : La proposition de Youcef me fera prendre conscience d'une réalité que j'essayais d'oublier. Pourquoi avais-je peur de me lier à un homme tel que lui ? C'était clair : le mariage me faisait peur. J'avais peur de l'avenir. Je n'arrivais pourtant pas à m'expliquer cette appréhension. Je ne pouvais fermer l'œil cette nuit-là. Trop excitée par tout ce qui m'arrivait subitement. Je me suis levée une dizaine de fois pour arpenter ma chambre et relever tous les détails que je trouvais banals d'habitude. Telle que cette serrure d'armoire qui fermait mal, ou la plante déposée dans un coin et que j'oubliais souvent d'arroser, ou encore ces tas de livres qui s'entassaient au chevet et que je ne classais jamais. Au milieu de la nuit, je me suis mise à nettoyer, à épousseter et à remettre de l'ordre dans toute la maison. Ma mère se réveille, et surprise de me trouver en train d'asticoter le parterre, elle me touche le front : -Tu es souffrante ? -Mais non maman. Si je l'étais, je ne serais pas là à faire le ménage. -On n'a pas idée de se lever en pleine nuit pour nettoyer... Elle me regarde droit dans les yeux : -Quelque chose te préoccupe. Tu n'es pas du tout la femme qui s'use dans les tâches ménagères. Disons que tu es plutôt négligente dans ce domaine. Je lève une main suppliante : -S'il te plaît maman, n'en dis pas plus. Je me sens en pleine forme, et comme le sommeil me fuyait, je n'ai pas trouvé mieux que de mettre un peu d'ordre dans ma chambre, et pourquoi pas de dépoussiérer les meubles et de nettoyer le sol... Je ne pense pas déranger puisque vous avez tous un sommeil de plomb... Ma mère pousse un soupir : -Fais comme tu veux... N'oublies pas de fermer les robinets, et surtout ne laisse pas les seaux d'eau traîner au milieu du couloir, quelqu'un risque de se casser la figure dessus. Sur ce, elle hausse ses épaules et retourne se coucher. L'appartement était spacieux, et seules trois chambres étaient occupées : celle de mes parents, la mienne, et celle de mon frère et de ma belle-sœur... Le salon, la salle à manger, et les deux autres chambres étaient pratiquement vides. Je tirais donc le frottoir derrière moi, et le seau plein d'eau savonneuse pour entamer un grand lavage des carreaux de sol et des dalles de la cuisine et de la salle de bains. Je travaillais sans relâche afin de ne penser à rien. J'avais de l'électricité dans mes muscles, et cette énergie je me devais de la dépenser. Deux heures passèrent, avant que mes bras ne commencent à crier gare. J'étais en sueur et essoufflée, mais heureuse de voir qu'autour de moi, tout luisait. Aucun grain de poussière n'avait résisté à ma force musculaire, et aucun coin aussi obscur soit-il n'avait échappé à ma serpillière. Je passe un bras sur mon front dégoulinant, et relève une mèche de mes cheveux. Enfin, je ressens un certain bien-être. On dirait que la tension s'est apaisée... Oui c'était cela. Je me sentais plus légère, plus détendue. Je cours prendre une douche et l'eau fraîche me redonne une certaine vitalité. Je crois que maintenant mon cerveau pourra fonctionner normalement. Je respirais mieux, et ma tête pesait moins lourd ! Je revins dans ma chambre et me rallongeais sur mon lit. Je repense à Youcef et à sa proposition...Un sourire effleure mes lèvres. Quelle idiote je suis... Bien sûr qu'il fallait que je m'attende à quelque chose de sa part. Il était si prévenant avec moi. M'aimait-il ? Je n'en savais rien. Et moi donc ? Pour la première fois depuis que je le connaissais, je me posais une question qui resta sans réponse. Cet homme était un peu ma doublure. Je n'avais jamais eu à trop me casser la tête avec lui. Le sentiment ne s'était jamais manifesté certes, mais il devait somnoler en nous deux, puisque lui-même était sûr de ce qu'il avançait. à suivre Y. H.