Fatma-Zohra Bellazoug et Yacine Téguia, respectivement journaliste à l'APS et militant du MDS, ainsi que Youcef Rezzoug, chef de rédaction au quotidien Le Matin et son épouse Zohra sont passés, hier, devant la cour correctionnelle du tribunal d'Alger. Les griefs retenus contre eux sont l'attroupement ayant provoqué le blocage de la circulation. L'affaire en question remonte au 8 septembre dernier. Des journalistes du Matin, mais également d'autres titres, de même que des responsables de partis politiques et des personnalités se sont présentés devant le siège du commissariat d'Alger, sis au Bd Amirouche, pour manifester leur solidarité avec Mohamed Benchicou, directeur du Matin, qui venait d'être embarqué par la police, avec un mandat de dépôt. Quatre personnes ont alors été interpellées ce jour-là, par la police et embarquées à leur tour pour le commissariat. Mme Bellazoug, qui est aussi porte-parole du Conseil de l'éthique et de la déontologie, a été privée par la suite de sa carte professionnelle. “Pourquoi la police refuse-t-elle de me rendre ma carte, alors qu'elle le fait avec mes autres confrères ?”, s'est demandé la journaliste de l'APS, avant d'ajouter : “Je suis à présent une clandestine (…). Je suis dépouillée de mon identité professionnelle.” Ce à quoi, la juge a répondu : “Ce n'est qu'une carte. Elle n'a qu'à refaire sa carte (…). Moi-même, j'ai perdu ma carte professionnelle.” Dans sa plaidoirie, la défense a rejeté toute idée d'incitation à attroupement ou de blocage de la circulation automobile. “C'est un dossier politique”, a déclaré Me Salah Hannoune, en tentant de replacer l'affaire dans son “contexte”, c'est-à-dire, en la liant au harcèlement exercé durant tout l'été contre “la presse indépendante”. Selon lui, la liberté de la presse “n'est pas l'apanage des seuls journalistes, mais de tous les démocrates de ce pays”. “Si on doit parler de délit, on est alors coupable du délit de solidarité”, a encore ajouté Me Hannoune. De son côté, Me Bourayou a apporté des clarifications, en se basant sur l'article 100 du code pénal, après avoir constaté le non-respect des droits fondamentaux en Algérie. “Le rassemblement devient interdit, lorsque la police judiciaire somme la foule de se disperser, à deux reprises et si la foule refuse de s'y plier”, a-t-il indiqué, en expliquant que cela n'a pas été le cas ce 8 septembre 2003. Quant au procureur, il a demandé six mois de prison avec sursis et 5 000 DA d'amende. Le juge a retenu deux mois de sursis et 2 000 dinars d'amende pour les prévenus. Que va décider Mme la juge en dernier ressort ? H. A.