Le nom de Idir est connu depuis l'antiquité. Il figure sur les stèles libyques sous la forme I/YDR, et il est surtout cité, dans les ouvrages gréco-romains, dans l'anthroponymie berbère. Ainsi, on apprend que l'un des cousins de Jugurtha s'appelait Aderbal, nom qu'il faut décomposer en ader/idir (le vivant), et Baal, dieu carthaginois bien connu. Ce nom pourrait se lire : ader (s) Baal, (Il vit par Baal) ou ader (n) Baal, (il vit par Baal). Ce dieu sémitique, bien connu en Orient, a été introduit par les Carthaginois en Afrique et adoré par les Berbères. D'ailleurs l'un des noms qu'il va prendre est Baal-Iddir (Baal-vivant). Aderbal s'est perpétué de nos jours, dans les Aurès, sous la forme Derbal. Comme prénom moderne, Idir est surtout connu en Kabylie où il se présente sous plusieurs formes : Yidir, (qu'il vive, qu'il survive, qu'il ait une longue vie) de edder (vivre, être en vie, rester en vie !, Tudert, (vie, existence), Outoudert, lire : u / aw (fils de) et tudert (vie, fils de la vie). Tous ces prénoms sont masculins. On relève chez les Touareg, Idder (il a vécu, il a survécu). Parmi les Idir connus, citons un militant de la cause nationale, Aïssat Idir. Il est né à Djemaâ Saharidj, dans la wilaya de Tizi Ouzou, en 1919. Issu d'un milieu paysan modeste, il adhère au Parti du peuple algérien (PPA) en 1943, puis, l'année suivante, il devient membre du comité exécutif de la CGT en 1947 ; il quitte ce syndicat pour s'occuper de la mise sur pied de la Commission ouvrière du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) qui a succédé au PPA. Il va rédiger des articles dans la rubrique syndicale de la revue l'Algérie Libre. Soupçonné d'activités nationalistes au moment du déclenchement de la Révolution, il est arrêté. Libéré en 1955, il en profite pour rejoindre le FLN. Le 24 février 1956 prend forme le projet d'une organisation syndicale algérienne : ce sera l'UGTA (Union générale des travailleurs algériens) dont Aïssat Idir est nommé secrétaire général. Le siège de la centrale, installée à Lavigerie (actuelle Mohammadia), devait enregistrer plus de cent mille adhérents ! Le 22 mai 1956, Aïssat Idir est arrêté ainsi que des membres de l'UGTA. Inculpé d'atteinte à la sécurité de l'Etat, il connaîtra plusieurs prisons et subira d'atroces tortures, ordonnées par le sinistre colonel Godart, chef de la DST (Sécurité du territoire). Il est libéré, puis arrêté de nouveau le 13 février 1959. Il est de nouveau torturé et il décède le 26 juillet de la même année. M. A. H([email protected]