Du soulèvement populaire à la guerre civile ; la crise syrienne est devenue au fil du temps un enjeu géostratégique entre les grandes puissances. Dernier épisode en date, l'arrivée imminente de l'Otan à la demande de la Turquie pour installer des missiles Patriot à la frontière syrienne. Un appel au secours qui a soulevé la désapprobation bien sûr de la Syrie, mais surtout de la Russie, l'allié du régime de Bachar al-Assad, et de l'Iran, l'autre soutien de Damas. L'Otan, à laquelle appartient la Turquie en tant que membre de grande importance, ne serait-ce que parce que ce pays tient la mer Noire en partage avec la Russie et l'Iran, a beau assurer que ses missiles sont de nature défensive. Rien n'y a fait, Moscou et Téhéran n'en croient pas un mot, considérant cet éventuel et imminent déploiement le long de la frontière turco-syrienne comme un casus belli. Le secrétaire général Anders Fogh Rasmussen a affirmé au ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, que ce déploiement n'était “en aucune façon une manière de promouvoir une zone d'exclusion aérienne ou des opérations offensives". “Plus on accumule d'armes, plus elles risquent d'être utilisées", lui a rétorqué le ministre russe. Pour Moscou, seule une négociation entre opposition et membres du régime peut mettre un terme au conflit. Les Russes se réfèrent à la résolution de la conférence de Genève du 30 juin dernier qui prévoit l'arrêt des violences de tous les côtés ainsi qu'un processus politique inclusif entre tous les acteurs pour trouver une issue politique, impliquant des élections libres. Sur ce dernier point, la divergence majeure entre Moscou et les capitales occidentales serait que ces dernières veulent commencer avec le départ de Bachar al-Assad, alors que les Russes souhaitent terminer par là. Moscou ne veut pas voir se rééditer le scénario libyen, à savoir qu'une attaque de la Syrie allait entraîner un départ rapide de Bachar al-Assad. De son côté, l'Iran par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Ramon Mehmanparast, a rappelé que “l'insistance" des pays occidentaux et arabes pour régler la crise syrienne par la voie militaire est la principale cause des tensions et des menaces dans la région. S'attaquant au Qatar et à l'Arabie saoudite, deux alliés déclarés de l'opposition syrienne, le président du Parlement iranien, Ali Larijani, qui était de passage à Damas vendredi où il a été reçu par Bachar al-Assad, a mis en garde contre toute action “aventuriste" en Syrie, soulignant que son pays était contre toute sorte d'intervention militaire en Syrie. L'Iran, un allié du gouvernement syrien depuis le début de la crise qui ébranle le pays depuis 20 mois, soutien la solution pacifique et politique en Syrie. Le président syrien a annoncé son nouveau chantier lors de sa rencontre avec le président du Parlement iranien, sans préciser les forces politiques et sociales avec lesquelles il serait en contact. Bachar al-Assad a seulement dit que la nouvelle guerre de Gaza avait éclipsé la crise syrienne. D. B.