Résumé : Lynda voudrait avoir la force de lui expliquer la raison qui la pousse à mettre fin à leur histoire d'amour. Elle pleure sans cesse, ayant le fort sentiment que sa vie est finie et qu'elle n'aura plus droit au bonheur. Lyès ne la comprend pas. Azzedine ne leur fera pas de problèmes tant qu'il sera sérieux avec elle. Il sent que quelque chose la tracasse... - Attends... attends ! Lyès a beau la prier, elle ne reste pas. Cette fois, elle le quitte et entre à la cité. Les appels de Lyès lui parviennent et elle doit faire un effort pour ne pas revenir sur ses pas. Elle court vers sa chambre et elle est heureuse qu'il n'y ait personne. Ses camarades de chambre sont déjà sorties. Comme chaque vendredi, elles profitent de la matinée pour se rendre au hammam. Elle pleure sans retenue pendant un long moment. De peine, de colère... Elle pleure sa malchance. Elle s'entend encore dire à Lyès que tout est fini entre eux. Pour toujours. - Ce n'est pas juste, se dit-elle. Après ce qui m'est arrivé, j'ai besoin de lui. Ma vie est finie ! - Tiens donc, elle parle toute seule maintenant ! Perdue dans ses sombres pensées, elle n'a pas entendu ses camarades entrer. Elle lève la tête vers elles. Ce qu'elles peuvent dire sur elle ne la touche pas. Quand elles voient les marques de son visage et ses larmes, elles échangent des regards interrogatoires. - Qu'est-ce que tu as ? - Rien, murmure-t-elle en se détournant. - C'est quoi ces marques ? Ton fiancé t'a frappée ? Pourquoi ? Tu n'étais pas assez belle hier soir ? - Laissez-moi tranquille ! les prie-t-elle. Je me suis fait agresser. - Tu en as pris le risque dès que tu es montée dans sa voiture, lui dit Nouara. Tu étais très belle et très attirante. Tu devais savoir que ton fiancé ne pourrait pas résister à l'envie. Si sa sœur vous avait accompagnés, tu n'aurais pas eu à supporter sa colère due à la frustration ! - Je n'ai que faire de ton avis ! Lynda sort un pantalon et un pull du placard. Elle s'habille, gardant le dos tourné. Ce qu'elle ignore, c'est qu'elle a aussi des marques bleues sur le dos. - C'est un monstre, entend-elle. Comment a-t-il pu oser s'en prendre à elle ? - La pauvre, je la plains ! - Lynda, tu devrais aller voir la police ! lui dit Nouara. Ce n'est pas parce qu'il t'a demandé en mariage qu'il a le droit de te battre ! - Laissez-moi tranquille, les prie-t-elle une nouvelle fois, tout en pensant qu'elle allait devoir les supporter durant toute la journée. - Mais comment pourras-tu être tranquille s'il est libre de tout mouvement ? Après ce qui t'est arrivé, tu dois faire plus attention à toi ! insiste Nouara qui a réellement de la peine pour elle. Il pourrait recommencer. - Merci de me mettre en garde, réplique Lynda qui a soudain envie de rentrer chez elle. Mais il ne me trouvera pas ici ! La jeune fille sort son sac de voyage et y range quelques affaires et ses cahiers. - Où vas-tu ? - Je rentre chez moi. À ceux qui vous le demanderaient, ne leur dites pas où je suis, leur demande-t-elle. Alors que Nouara la suit dans le couloir pour lui proposer de l'accompagner. -Non, lui dit-elle, je n'ai besoin de personne. Lynda se rend en taxi à la gare routière. Dans le car, elle se demande ce qu'elle pourra leur dire pour expliquer sa visite. Ce n'est pas la période des vacances. Elle prétextera être malade et devoir garder le lit pendant quelques jours sur injonction du médecin. Son visage pâle, ses yeux rouges où se reflètent la peine et la douleur ont convaincu sa famille. Celle-ci s'inquiète de l'origine de sa maladie. - J'ai mangé un gâteau, apporté par une copine. Depuis, j'ai mal. Le docteur a parlé de fièvre intestinale. J'ai arrêté de vomir et d'avoir la diarrhée, mais je me sens encore très faible, dit-elle, consciente de mentir à moitié car elle se sent à bout de forces. Je voyage depuis ce matin, je vous verrai demain. Si ses parents et ses frères sont vite rassurés et la laissent tranquille, ce n'est pas le cas de sa grand-mère. Hadja Taos sait qu'il y a autre chose. Ses yeux larmoyants de larmes contenues ne peuvent pas lui mentir. (À suivre) A. K.