Résumé : Je maintins ma position. Bébé, boulot, maison, Mehdi. Pas de faiblesse, ne cessais-je de me répéter. Mon article, une fois publié, obtint l'approbation féminine, mais la désapprobation masculine. Youcef semblait sceptique. Il avait lu mon papier avant de jeter le journal sur la table du salon et de quitter les lieux. Des jours durant, Youcef maintint sa distance et je me tins à mes convictions. Je continuais de mener mon train de vie... Réveil, bébé,boulot, maison, etc. Les week-ends, je me rendais chez mes parents, alors que Youcef passait ses journées au lit. Mon reportage sur les femmes et leurs problèmes sociaux, s'il avait pu accrocher la gent féminine, n'en avait pas moins fait des remous auprès de la gent masculine. Youcef, qui avait lu mon article de la première à la dernière ligne, jette le journal sur la table du salon et sortit sans un mot. Devrais-je comprendre que l'article ne lui plaisait pas, ou est-ce le fait qu'on se faisait la tête depuis quelques jours qui le rendait taciturne et hors de lui ? L'article avait ajouté son grain de sel. Youcef ne pouvait accabler ses semblables et me donner raison, alors qu'on était à couteaux tirés justement sur un des points les plus culminants de mon papier... à la rédaction, on avait remarqué notre froideur. Mais jusqu'à ce jour, personne n'avait fait le lien entre mon travail et ma vie familiale... C'était tant mieux, puisque j'évitais de ce fait les questions indiscrètes. Les réactions des lecteurs ne tardèrent pas à pleuvoir dans ma boîte e-mail. Des dizaines de commentaires... Des reproches, des remarques, des avis, des témoignages poignants. Les antagonistes ne manquaient pas bien sûr... Les uns étaient révoltés. D'autres estimèrent que les femmes, toutes les femmes, méritaient l'enfer qui paraîtra bien doux devant leurs méfaits. Quelques femmes s'insurgèrent contre les comportement jugés “honteux et perfides" de ces énergumènes qui piochent dans les poches de leurs femmes, pour dépenser un argent durement gagné, dans des plaisirs éphémères, comme boire et jouer au poker, ou, pis encore, entretenir une relation... Prise dans l'engrenage de ces réactions, j'oubliais pour un moment mes préoccupations. La sonnerie de mon portable me fera sursauter. Je regarde le numéro affiché. C'était la nurse. Mon cœur fera un bond dans ma poitrine : Mehdi... Mon Dieu... Pourvu que... Je décrochais fébrilement. La nurse m'apprendra que mon bébé n'avait cessé de vomir depuis la matinée, et qu'il avait une forte fièvre. Et... Je ne la laisse pas terminer sa phrase. J'avais déjà saisi mon sac avant de bondir vers la sortie, sans même informer le red'chef. Je maudissais la circulation intense à cette heure de la journée. Je ne lâchais plus le klaxon... Mon pied appuyait sur le champignon dès qu'une voie était libre... Je pensais ne jamais arriver chez moi. Je grimpais les escaliers quatre à quatre et introduisais ma clef dans la serrure de la porte d'entrée. Mais mes mains tremblaient si fort que je n'arrivais pas à la tourner. Je me mets alors à taper de toutes mes forces sur la porte. La nurse vint m'ouvrir, mon bébé dans ses bras. Je le lui prends et l'interroge ; -Depuis quand a-t-il de la fièvre ? -Depuis une heure environ... Je crois que ce sont les dents... Mehdi semblait inerte dans mes bras. Il avait le visage tout rouge, et ses yeux étaient cernés. Il respirait difficilement et transpirait de tous ses pores. Comme s'il avait senti ma présence, il tente d'ouvrir les yeux... Je le sentis si vulnérable, si faible dans mes bras... Il se met à pleurer puis se tut... Il n'avait même plus la force de pleurer... -Vite..., dis-je à la nurse, je vais le prendre à l'hôpital. La nurse m'accompagne... Je ne pouvais conduire en tenant mon bébé... Mes mains tremblaient... Une angoisse m'étreignait le cœur. J'actionne les feux de détresse et me lance comme une dingue sur l'autoroute. Je ne savais pas au juste quelle heure il pouvait être, mais le soleil qui tapait fort me renseigna. On était en milieu de journée. Vais-je trouver un médecin à cette heure-ci ? C'était l'heure du déjeuner. Mes oreilles bourdonnaient. Mon fils ne donnait plus signe de vie. Je regarde la nurse d'un air inquiet : -Comment va-t-il ? -Il dort. La fièvre est tombée. Je tendis mon bras et lui touche le front : -Il n'est pas aussi chaud que toute à l'heure, mais je ne serai rassurée que lorsqu'on aura vu un médecin. J'arrivais à l'hôpital au moment où le personnel se rendait à la cantine. Mon fils dans les bras, je courais d'un service à un autre à la recherche d'un toubib. (À suivre) Y. H