Plus de 28 000 personnes ont été reconnues coupables et/ou condamnées, en 2010, par la justice algérienne dans des affaires de violences à l'encontre des femmes contre plus de 26 000 personnes en 2009 et plus de 25 000 personnes en 2008. Ces données ont été livrées, hier, lors de la journée d'étude sur la lutte contre la violence à l'encontre des femmes, qui s'est tenue à l'Ecole nationale supérieure de journalisme et des sciences de l'information, à Alger. Organisée à l'occasion de la Journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes (qui a eu lieu le 25 novembre dernier), par le ministère de la Solidarité nationale, de la Famille et de la Condition de la femme, la rencontre a également permis aux représentantes de la Gendarmerie nationale (GN) et de la Police de s'exprimer sur ce fléau et de rendre publiques leurs statistiques en la matière. Ainsi, la GN a enregistré 2 609 cas de violence contre les femmes (toutes les formes de violence), l'an dernier, contre 2 207 cas pour seulement les dix premiers mois de l'année 2012. La représentante a, néanmoins, noté que les statistiques ne comprennent pas ces “chiffres noirs", parce que des notables ou des responsables au niveau de la localité ont décidé de régler leurs problèmes localement. De son côté, la DGSN a fait état de 7 422 femmes victimes de toutes formes de violence, entre janvier et octobre 2012, dont 1 605 cas ayant fait l'objet de mauvais traitements essentiellement dans la famille et 247 cas de violence sexuelle. “La violence à l'égard des femmes est une violation des droits de l'Homme ; elle tue plus que le cancer dans le monde", a déclaré Imène Hayef, coordinatrice nationale des programmes des Nations unies Femmes en Algérie. Selon elle, “les chiffres sont accablants" concernant cette violence qui affecte les femmes dans le monde, que ce soit dans les pays les plus développés ou les pays en développement. Faisant écho aux déclarations de Maria Crissetti, directrice du bureau de pays de l'OIT pour l'Algérie et au message du secrétaire général de l'ONU, Mme Hayef, a soutenu qu'aujourd'hui, les Etats “doivent rendre effectifs leurs engagements", pris à travers la signature de la Convention internationale sur l'élimination de la discrimination à l'égard des femmes (Cedaw). L'intervenante a, en outre, plaidé pour que les Etats prévoient dans les législations nationales “les sanctions voulues pour punir et réparer les torts", avant d'annoncer que la 57e session de la commission de la condition de la femme des Nations unies, qui se tiendra en mars 2013, sera consacrée à la violence à l'égard des femmes. Une offre qui rejoint en fait l'une des revendications principales de plusieurs associations algériennes (AEF, Réseau Wassila, FEC, ANFDR, Ovif...). Au cours d'une conférence de presse, la nouvelle ministre de la Solidarité nationale et de la Condition de la femme a tenté de minimiser l'ampleur du phénomène de violences faites aux femmes, dans notre pays, sans pour autant réduire la nuisance de ce fléau. Souad Bendjaballah a , en effet, surtout situé la comparaison par rapport à la décennie noire et à ce que “les femmes violées, kidnappées et tuées" ont subi. “La violence, telle que nous l'avons vécue, va diminuer. Nous n'occultons pas la réalité du terrain, mais aujourd'hui, nous vivons d'autres problèmes qui exigent la prévention et la cohésion familiale", a souligné la ministre, soulignant plus loin : “La situation n'est pas catastrophique en Algérie." H. A