“Le crime organisé, tel que le trafic de drogue et d'armes, l'immigration clandestine et surtout le terrorisme constituent de grands défis sécuritaires, car porteurs de dangers dans la mesure où ils sont imbriqués et ne connaissant pas de frontières. La réalité actuelle appelle à la consolidation des appareils de justice, qui est une base essentielle pour préserver la paix sociale et protéger le pays de tout ce qui pourrait toucher à sa stabilité." C'est ce qu'a déclaré, jeudi dernier, le général-major, Ahmed Bousteïla, commandant de la Gendarmerie nationale, au séminaire sur “l'apport de la criminalistique à la justice pénale", organisé par l'Institut national de criminalistique et de criminologie (INCC-GN). Le patron de la GN, qui a mis l'accent sur “le recours aux moyens et aux procédés scientifiques, notamment la criminalistique, pour l'établissement de preuves et combattre le crime", a, par ailleurs, indiqué que “la Gendarmerie nationale a mis en place tous les moyens humains et matériels modernes pour contribuer à la consolidation de l'Etat de droit et au bon fonctionnement de la justice afin d'aider les juges en leur fournissant des preuves scientifiques et matérielles". En ce sens, le directeur de l'INCC-GN, le colonel, Abdelhamid Messaoudi, a estimé, que “le développement de la criminalistique est devenu la pierre angulaire de toute enquête judiciaire pour la compréhension des séquences des événements passés". Près de 8 000 dossiers traités par 31 laboratoires en 2012 Ainsi, révèle M. Messaoudi, “l'institut est sollicité lorsque les moyens de nos unités locales sont dépassés. D'ailleurs, l'apport criminalistique a permis de régler 16,5% à 20% des dossiers d'environ 48 000 à 49 000 affaires traitées annuellement par la Gendarmerie nationale". Détaillant certains faits réalisés par l'INCC-GN, le colonel Messaoudi a indiqué que cet institut, lors de sa mise en œuvre, en 2009, 230 dossiers. Un chiffre revu à la hausse en 2010, avec 2 367 dossiers traités, avant d'atteindre, en 2011, 5 551 dossiers. Pour l'année en cours, l'INCC-GN a traité entre 7 à 8 000 affaires. Depuis 2011, ledit institut compte 31 laboratoires de criminalistique, tous opérationnels. Raison pour laquelle il est devenu un véritable pôle d'excellence et très sollicité par la justice. Il rappellera que 99 spécialistes et experts de l'INCC-GN ont été admis, en novembre 2011, sur la liste des experts judiciaires auprès de la Cour de justice de Blida. a-t-il indiqué. Toutefois, M. Messaoudi regrette que le décret exécutif du 20 mai 2002 relatif aux tarifs et aux modalités de paiement de certains frais de mise en œuvre des procédures judiciaires, ne soit pas mis à jour. Il estime que “la réglementation actuelle ne répond plus à la réalité actuelle, notamment en matière de tarification pratiquée. Le décret n'évoque pas, à titre illustratif, l'informatique électronique. Il faudra l'actualiser en révisant les prix et en étendant les domaines concernés par la tarification à d'autres disciplines". Il indiquera d'ailleurs qu'une analyse ADN banale coûte un peu plus de 30 000 DA alors que les autres analyses oscillent entre 8 000 et 22 000 DA, bien que l'INCC-GN ne facture pas ses prestations, puisqu'il s'agit d'une mission de prestation de service public. De son côté, le directeur de la sécurité publique de la GN, le colonel Mohamed-Tahar Benamane, a révélé que l'élément féminin tend davantage à s'impliquer dans le crime organisé et la criminalité de façon générale. Ainsi, entre environ 2 500 à 3 000 femmes sont impliquées annuellement dans les affaires traitées. “Le drame réside dans le fait que chaque femme impliquée représente une famille entièrement détruite. Malheureusement, il y a une hausse sensible de la féminisation du crime en Algérie." Enfin, le séminaire, auquel ont pris part tous les cadres du CGN, du DGSN, Abdelghani Hamel, et le patron de la Protection civile, Mustapha Lehbiri, et le général Abdelmadjid Benbouzid, commandant du 1er CRGN, s'est achevé sur une série de recommandations relatives à l'apport de la criminalistique dans la justice pénale, notamment les formes de traitement des dossiers et des crimes, mais aussi la coopération de l'ensemble des services de l'Etat dans la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. F B