La mission d'information de l'ONG américaine Human Rights Watch (HRW), en visite en Algérie depuis le 13 juin, s'est déplacée hier à Ghardaïa, à 700 km au sud d'Alger, avant de joindre Laghouat pour rencontrer des militants des droits de l'homme et des avocats. L'objectif de l'ONG, selon Eric Goldstein, chef de mission, est de s'informer sur les événements qui ont secoué ces deux villes lors des émeutes de l'an dernier. D'autres membres de la délégation poursuivent leur tournée d'information à l'ouest du pays, notamment à Oran et à Relizane. La mission d'information a pu fixer un rendez-vous à un représentant du ministère de la Justice pour demain. L'identité et le degré de responsabilité de cet interlocuteur n'ont pas été révélés à la mission. Pas de réponse, pour le moment, du côté du palais d'El Mouradia. L'ONG a souhaité rencontrer un responsable de la présidence de la République « habilité à parler de l'amnistie générale ». « Nous tentons d'avoir une vision plus globale à travers plusieurs régions du pays », a indiqué hier au téléphone Eric Goldstein. Ghardaïa et Laghouat ont vécu, en 2004, une série d'émeutes liées, notamment aux mauvaises conditions de vie et au refus de dialogue des autorités. Des membres de la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme et du FFS ont été accusés, à Ghardaïa, d'être les instigateurs des mouvements de protestation. Arrestations et jugements ont suivi ces accusations. Des activistes algériens des droits humains prévenaient constamment contre la « pénalisation du droit de la critique ». L'émeute, la route coupée, le siège de l'APC pris d'assaut seraient le seul moyen de communication entre le citoyen et les pouvoirs publics. Aucune région n'a été épargnée depuis le printemps noir en Kabylie en 2001. Selon un rapport de l'ONG Algeria-Watch, l'Algérie a connu, en 2002, près de 600 émeutes ou autres mouvements de protestation dans 30 wilayas sur les 48 que compte le pays. Ces émeutes ont fait 12 morts et plus de 1100 blessés et 560 arrestations seront opérées par les services de sécurité. La réponse des autorités, de l'arrestation aux allégations de torture comme ce fut le cas lors de la répression des émeutes de T'kout (Batna) en 2004, renseigne sur le déficit en respect des droits humains.