La visite d'Etat du président français, François Hollande, en Algérie a occupé les grands titres de la presse hexagonale, dont des envoyés spéciaux ont été dépêchés à Alger pour couvrir l'évènement. Pour le quotidien à grand tirage Libération, le chef de l'Etat français sera à Alger “à l'épreuve du passé". “Il y a dans ce voyage officiel à la fois un évident aboutissement dans le parcours personnel du chef de l'Etat et un vrai pari politique : réussir là où tous ses prédécesseurs, de François Mitterrand à Sarkozy en passant par Jacques Chirac, ont échoué", écrit le journal. Citant l'Elysée, il croit savoir que Hollande sera le premier président à “normaliser" une relation franco-algérienne “toujours aussi éruptive". Sous le titre “Brûlures", le quotidien de gauche estime qu'entre les deux rives de la Méditerranée, les “flux et les reflux de la mémoire et de l'oubli n'ont pas apaisé les brûlures de l'histoire", concédant qu'en France, les “non-dits" et les “petits arrangements mémoriels" ont longtemps entravé les vérités les plus crues. Il a fallu attendre juin 1999 pour que l'Assemblée nationale adopte une loi substituant à l'expression d'“opérations de maintien de l'ordre", celle de “guerre d'Algérie", a-t-il fait remarquer. Le journal Le Monde souligne, de son côté, l'importance accordée à cette visite, en signalant que près de 200 personnes dont 9 ministres, une douzaine de responsables politiques, une quarantaine d'hommes d'affaires et des artistes composeront la “pléthorique" délégation française. Sous le titre “François Hollande en visite en Algérie dans l'espoir de tourner une page", le quotidien estime que le chef de l'Etat français tient surtout à se démarquer de son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui était venu “faire du business", dit-on à l'Elysée, accompagné de 150 chefs d'entreprise. “François Hollande, lui, veut ‘faire du politique", relève encore le quotidien Le Monde. “Il (Hollande) dispose d'un précieux atout : le vote positif de la France pour l'obtention du statut d'observateur à l'ONU de l'Etat palestinien. François Hollande y a ajouté, en plus, la reconnaissance officielle de la ‘sanglante répression' des manifestants algériens qui réclamaient le droit à l'indépendance, tués à Paris le 17 Octobre 1961", ajoute Le Monde. Pour le quotidien libéral Le Figaro, le président Hollande devra “trouver les mots", lors de son discours devant les deux Chambres, et “faire les gestes", lors des cérémonies de recueillement au cimetière de Bologhine, puis place Maurice-Audin, du nom de ce militant communiste assassiné et figure du combat pour l'indépendance. “C'est bien sur l'enjeu de mémoire que François Hollande est d'abord attendu. Il promet d'être “lucide" sur l'histoire, dit-on dans son entourage, comme il l'a été en reconnaissant le massacre du 17 Octobre 1961", écrit le journal. Aux yeux de l'Humanité, cette visite est surtout une tentative de “relancer un partenariat malmené", mais, remarque-t-il, il est “difficile de faire l'impasse sur les questions mémorielles" en cette année du Cinquantenaire de l'Indépendance algérienne. “Pour autant, il s'agit d'avoir une relation tournée vers l'avenir", signale le journal qui publie en bonne place le communiqué du Parti communiste français (PCF), exhortant le président français à “reconnaître enfin la réalité du colonialisme et des crimes d'Etat", lors de sa visite en Algérie. R. N./APS