Le président français, François Hollande, a eu ce qu'il voulait : le Parlement algérien réuni pour qu'il dise, enfin, sa “vérité" sur le passé colonial. “C'est l'ensemble du passé colonial que je veux regarder aujourd'hui avec lucidité, tel qu'il a été, tel qu'il a duré, tel qu'il a été enduré", a indiqué M. Hollande, reconnaissant que “pendant 132 ans, l'Algérie a été soumise à un système profondément injuste, brutal et destructeur. Ce système a un nom : c'est la colonisation." Il omet seulement de mentionner que cette colonisation était exercée par l'Etat français depuis 1830, sous tous ses gouvernements successifs, qu'ils soient de gauche ou de droite. Pour lui, “rien ne peut justifier les agressions commises contre la population algérienne, la négation de son identité et de son aspiration à vivre libre", avant de “reconnaître les souffrances que le système colonial français a infligées au peuple algérien". François Hollande évoquera au passage les massacres du 8 Mai 1945 “À Sétif, le 8 Mai 1945, le jour même où dans le monde triomphaient la liberté et la justice, la France manquait à ses valeurs universelles, celles qu'elle a contribuées à faire éclore, celles de la République." Il a ainsi estimé que “la vérité doit être dite de la même façon sur les circonstances dans lesquelles l'Algérie s'est délivrée de ce système", ajoutant que la vérité doit être “dite sur la guerre d'Algérie que la France a mis tellement de temps à appeler par son nom". Il reconnaîtra que “rien ne se construit de solide sur la dissimulation, l'amnésie ou le déni. La vérité n'abîme pas, elle répare. Elle ne divise pas, elle rassemble. L'histoire, même quand elle est tragique, doit être dite". “Dans cette perspective, il est évidemment nécessaire que les historiens aient accès aux archives", a-t-il recommandé, soulignant à ce propos qu'“une coopération a été engagée" dans ce sens. À ce sujet, il a souhaité que la coopération “s'approfondisse", que “les verrous sautent" et que “la paix des mémoires repose sur la reconnaissance du passé et non l'occultation de la mémoire". M. Hollande fera même référence au discours prononcé par le président Bouteflika, le 8 mai dernier à Sétif, où ce dernier avait appelé à faire “une lecture objective de l'histoire". “Cette vision, je la fais mienne", a indiqué le président français. Sa “vérité" dite, sous les applaudissements de parlementaires très disciplinés pour la circonstance, François Hollande n'a pas franchi “la ligne rouge" imposée en France, celle de la repentance. Mais il a sauvé “les meubles de la République" en omettant de mettre un nom sur ce colonialisme qu'il qualifie de brutal et d'injuste. Ce colonialisme était exercé par l'Etat français depuis 1830, et sous tous les gouvernements successifs, de droite et de gauche. Cela dit, François Hollande, après avoir brisé le tabou des massacres du 17 Octobre 1961 commis à Paris par la police Maurice Papon, fait une timide avancée envers une lecture apaisée de l'histoire commune, à travers son discours devant les parlementaires algériennes. Il reste à savoir ce que dira le président Bouteflika, invité, lui aussi, à parler de cette histoire lors de son séjour en France, prévu pour l'année prochaine. A B