Résumé : Ma mère me conseille de me rapprocher davantage de mon mari. Youcef fut heureux de constater que je pensais enfin à lui. À la rédaction, une femme m'attendait, elle représentait une association de femmes en difficultés. Elle me parle d'une manifestation qu'on voulait organiser, et demande mon aide. Je fais entrer cette femme dans mon bureau et lui demande : -Vous voulez organiser cette manifestation pour quel jour ? -Nous n'avons pas encore décidé de la journée, mais le plus tôt possible sera le mieux. Notre présidente vient de demander une autorisation auprès des autorités locales. -Et si jamais, on ne vous l'accorde pas? -Voilà justement le but de ma venue. Vous seule, êtes en mesure de nous aider. Je me mets à sucer mon stylo tout en la regardant. La femme devait avoir la quarantaine bien sonnée, elle semblait mûre et très posée. Elégante aussi avec un tailleur bien coupé, cheveux bien coiffés, parfum etc. Je réfléchis. Une manifestation passive pourrait passer. Je ne vois pas pourquoi on va leur refuser l'autorisation. -Préparez votre action, je verrais ce que je pourrais faire en cas de refus. -Vous allez participer? -Pour la couverture? Oui bien sûr. -Pas uniquement pour la couverture, nous aurions besoin d'adhérentes comme vous dans votre association. Vous êtes si active et bien placée pour portez la voix des femmes aux plus hautes instances. -Vous aussi pourriez réclamer logiquement vos droits et porter votre voix. Il suffirait de se manifester par n'importe quel moyen légal : Les journaux, la radio, la télé, les média de masse. -Alors vous participez. Nous aimerions tellement revoir le code de la famille et surtout abolir ce statut qui fait de nous des mineures à vie. -J'ai déjà tellement lutté pour çà.J e ne vais pas rechigner pour parrainer médiatiquement votre action. Elle sourit : -Je savais que vous n'alliez pas refuser, nous comptons toutes sur vous. -Tenez-moi au courant de vos démarches, et communiquez-moi la date de la manifestation, je pourrais éventuellement faire un avant-papier. -Parfait. Nous vous inviterons sûrement à notre prochaine réunion. Elle quitte les lieux en ayant l'air d'avoir remporter une victoire. Je savais que les associations féminines luttaient sans relâche. J'avais déjà couvert quelques actions. Pourvu que cela dure. Je n'étais pas contre bien sûr. Mais j'aimerais tant que les femmes comprennent qu'un tel combat ne pouvait se gagner rapidement, ni facilement d'ailleurs.Je repense aux femmes qui avaient marqué les siècles passés de leur sceau : Marie Curie, Collette, George Sand, Mme de Sévigné, la comtesse de Ségur, et puis depuis 1875, depuis le combat des ouvrières de New-York, et le congrès de Copenhague de 1916, les femmes avaient fait un grand pas. Elle avaient participé à la Première Guerre mondiale, avaient osé se couper les cheveux et porter des pantalons tout comme les hommes, avaient conduit des chars et des véhicules de guerre et même piloté des avions et avaient affronté les baïonnettes ennemies sans appréhension. Qui est donc l'homme qui refusera cette réalité ? Marie Curie avait découvert le radium, et Amélia Earhart a été la première femme aviatrice qui a pu traverser l'océan avec un record d'altitude de 14 000 pieds en 1922. En 1953, Jaqueline Cochran traversait le mur du son, alors qu'elle était sourde. Plus tard, une autre femme, Jacqueline Auriol, devint l'unique femme au monde à détenir un diplôme de pilote d'essai. Je me frotte le menton. Ces femmes avaient pu réaliser des miracles. Oui, elles avaient osé affronter le danger et démontrer aux hommes qu'elles n'étaient pas aussi vulnérables qu'ils le pensaient. En réalité, c'est grâce aussi aux premiers mouvements féministes dans le monde et aux combats enclenchés auparavant, que ces femmes-courage avaient pu réaliser leurs rêves. En 1889 Klara Zetking, militante marxiste allemande (Première fondatrice d'un journal féminin : Légalité) , écrivait sur la condition féminine, et dénonçait les abus dont la femme était victime. Elle participe au congrès constitutif de la deuxième internationale socialiste à Paris (toujours en 1889) . Grand débats houleux. Les femmes peuvent t-elles êtres admises à l'usine ou pas ? Certains délégués répliquent que la place de la femme est au foyer. Klara Zetking répondra que cette question a été tranchée depuis longtemps. Que le problème réel réside dans la revendication des droits et de l'égalité, et qu'on doit faire de la femme non pas une concurrente bon marché, mais une camarade de lutte, et une agréable compagne. Ce qui suppose des droits égaux dans tous les domaines y compris celui de voter et d'être élue. (À suivre) Y. H