Résumé : Lyès n'a pas perdu espoir. Il tente encore sa chance, mais Lynda ne la lui accorde pas. Elle prétexte de ne plus l'aimer alors qu'en fait elle considère que la vie ne lui laisse pas le choix. Elle se montre ferme et dure avec lui, avec elle-même... Lynda est rentrée au village. Le cœur brisé, elle ne peut s'empêcher de pleurer. Elle a terriblement mal. Se dire qu'elle ne le reverra jamais, c'est une torture. Mais elle se fait une raison pour se consoler. Leur rupture est inévitable. En se donnant un sursis, elle aurait pris le risque de s'attacher encore à lui. - Non, se dit-elle, c'est préférable maintenant. Dans quelques mois, dans quelques années, je ne ressentirai plus la douleur, Je garderai au fond de mon cœur son doux souvenir. Perdue dans ses pensées, elle n'a pas entendu sa grand-mère entrer dans sa chambre. Elle la trouve assise à son bureau, le regard lointain. Hadja Taos remarque aussi l'air douloureux qui traverse son visage. Elle devine pourquoi et elle a de la peine pour elle. - Lynda ! Lynda. Elle s'assoit sur le bord du lit et l'appelle plusieurs fois avant que sa petite fille ne se rende compte de sa présence. Elle essuie les larmes qui viennent de couler et s'efforce de sourire, voulant la rassurer. - Grand-mère ! Que fais-tu là ? - Je voulais te tenir compagnie, tu pensais encore à lui ? Lynda hausse une épaule, tout en ouvrant un livre. Elle n'aurait pas pu lui mentir. Depuis toujours, elle et sa grand-mère se confient et ont ce lien si rare qui rend leur relation unique. - Au lieu de t'enfermer dans ta chambre, pourquoi ne sors-tu pas ? Pourquoi ne vas-tu pas voir tes amies ? En leur compagnie, tu oublieras. - Je crois que je n'y arriverais jamais ! - Quand tu retourneras à tes études, ce sera plus facile, la rassure sa grand-mère. Si tu t'y consacres entièrement ! - Ma vie est toute tracée, je saurais m'y faire, dit Lynda, je vais étudier, puis travailler. Quant au mariage, ce n'est pas pour moi ! Lynda est décidée à ne plus aimer, pour ne plus jamais souffrir. Il ne lui reste que les études. Et elle s'y consacre à fond. Elle trouve de la consolation dans ses résultats qui font que quatre ans plus tard, elle finit ses études en journalisme. Les vacances de cette année-là lui paraîtront bien longues. Si depuis sa tentative de suicide, son père et ses frères ne lui pose aucun problème, elle en rencontrera lorsqu'un garçon du village viendra la demander en mariage. Fils de bonne famille, professeur de lycée, il est considéré comme un bon parti. Ses parents, heureux qu'il ait choisi Lynda, insistent et viennent aux nouvelles, impatients de connaître leur réponse. La famille de Lynda tarde à le faire. Ils savent que Lynda ne peut pas se marier. La société tient au respect des traditions. Certaines familles n'hésitent pas à demander un certificat de virginité quand elles prennent pour futur mariée une jeune étudiante. Pour le cas de Lynda, quand la mère du prétendant en parle, elle s'indigne, ne supportant pas qu'on puisse douter de son innocence. Lynda pleure de colère. Ses larmes sont interprétées par la mère positivement. Personne ne sait qu'elle a été violée. Parfois, elle regrette, pensant qu'il aurait été préférable que cela soit su de tous. Elle n'aurait pas à le porter comme un fardeau. Toute sa vie en est gâchée. Elle n'aura jamais la paix. - Je ne voulais pas te peiner ! Je sais que tu es de bonne famille et de bonne éducation ! - Alors, pourquoi ce certificat ? S'il veut vraiment se marier avec moi, il devra y renoncer ! - Mais s'il insiste ? - Il n'aura rien, répond Lynda. Pour la simple raison que je refuse sa demande. Je mérite mieux qu'un homme qui doute déjà de moi ! Lynda sourit devant l'air choqué de celle qui la veut pour belle-fille. Elle essuie ses larmes et se lève. - Non, ce n'est pas la vraie raison de mon refus. J'ai encore des études à terminer ! Je vais apprendre l'allemand ! Elle n'en a parlé à personne. Sa mère et sa grand-mère s'échangent un regard. Elles ne font aucune remarque. Elles attendent d'être seules pour l'interroger sur ses projets d'avenir. (À suivre) A. K.