Résumé : Abdenour rentre et eut une discussion avec sa femme et sa mère. Il refuse de laisser une autre chance à Lynda. Ses fils ont tenté de le convaincre mais c'était peine perdue d'avance. Lynda a tout entendu. Elle est à bout. Quand sa grand-mère trouve sa chambre fermée et silencieuse, elle imagine le pire, ce n'est pas sans rien... - Lynda ! ouvre-moi ! la prie Hadja Taos en frappant du poing contre la porte. Ouvre, je te l'ordonne ! Point de réponse, et toujours aucun bruit pour la rassurer. Elle en est maintenant certaine. Lynda est peut-être déjà morte. La déception de cette fin de journée après tout ce qu'elle a traversé ces derniers mois a été la goutte de trop. La grand-mère comprend que Lynda ait pu attenté à sa vie. La punition de son père, elle ne l'a plus supportée, elle a été dure, très dure même. - Lynda, ma petite fille chérie, je t'en prie, ouvre moi. Je refuse de croire que c'est trop tard ! Hadja Taos se remet à frapper à la porte avec acharnement, espérant que ce n'est pas trop tard. Elle ne se pardonnera jamais de ne pas avoir su être là quand Lynda a eu besoin d'elle. Elle se reproche déjà de l'avoir laissée seule. Elle aurait dû faire comme elle en a l'habitude ; rester avec elle à toute heure du jour et de la nuit. Elle n'aurait jamais dû la laisser seule. - Qu'est-ce qui se passe ici ? - Lynda ne répond pas, apprend-elle à son fils sur qui Ourida est tombée en allant chercher de l'aide. Ce n'est pas normal. D'habitude, elle ne ferme pas à clef. Fais quelque chose, le prie-t-elle. - Où est le double de la clef ? demande Abdenour à Ourida qui ne s'en souvient plus. Va regarder dans le tiroir de la garde-robe ! Ourida ne se contente pas que de regarder. Elle apporte toutes les clefs qu'elle y trouve. Abdenour les essaie toutes, et le soupir de soulagement de sa mère et le cri de sa femme quand il ouvre enfin le poussent à ne pas les laisser entrer. - Mais qu'est-ce que tu attends ? lui demande sa mère en tentant de pousser la porte qu'il maintient encore de la poignée. Elle est peut-être en train de mourir ! Pousse-toi. Je comprends que tu ne veuilles lui laisser aucune chance mais moi je l'aime. Elle pourrait être criminelle mais elle sera toujours un ange à mes yeux ! - Tu crois vraiment qu'elle ait pu tenter de se suicider ? Hadja Taos ne lui répond pas. Elle le pousse et ouvre la porte. - Oh non ! Mon Dieu... J'en étais sûre... Mon cœur ne m'a pas trompée ! Elle s'approche lentement du lit où est étendue Lynda et tombe à genoux, pleurant déjà sa petite fille bien-aimée. Elle ne se fait plus d'illusion. Ourida, qui vient d'entrer après elle, se met à crier en voyant le sang couler des mains de sa fille. Abdenour est choqué, ne bouge pas et ne peut pas détacher son regard du sang qui forme une flaque déjà. - Mon Dieu ! ma pauvre petite, pleure Hadja Taos en caressant sa joue. Pourquoi as-tu fais ça ? Ourida sort de la chambre en criant, s'en prenant à son mari. - C'est de ta faute si elle s'est suicidée ! Tu as tout fait pour qu'elle meure. - Je lui ai seulement interdit de retourner à la fac. - Tu ne lui parlais plus. Elle ne devait même pas sortir quand tu es à la maison. Tu ne voulais plus d'elle, tu la considérais pour morte et bien te voilà servi ! lui crie-t-elle. Je ne te le pardonnerai jamais. Les cris et les pleures se mêlent et s'entendent de loin. Des voisins accourent aux nouvelles et tentent de comprendre ce qui s'est passé. Quand ils entrent dans la chambre et voient Lynda se vider de son sang, ils pâlissent sous le choc. Hadja Taos est penchée sur son corps et ils doivent s'y prendre fermement pour qu'elle accepte de les laisser la toucher. Kader a le bon réflexe de vérifier si elle est encore en vie. - Elle n'est pas morte, leur dit-il. Apportez-moi des bandes... Je vais bander ses poignets ! Avec un peu de chances, elle s'en sortira ! Ourida est si heureuse qu'elle se met à chercher dans les tiroirs de l'armoire à pharmacie mais elle n'en trouve pas. Elle prend un drap et en coupe de larges morceaux qui serviront de bandages. - Abdenour, sors ta voiture du garage, lui dit son voisin Kader. Il n'y a pas de temps à perdre. - Je ne pourrais jamais conduire, dit Abdenour. Les mains tremblantes, encore sous le choc mais il respire mieux. Sans l'intervention du voisin, ils seraient restés à la regarder se vider de son sang. Tous trois l'ont crue morte. - Tiens les clefs, sors-la, dit-il à Kader. Je vais la prendre, on part tout de suite. - Je viens avec vous, décide Hadja Taos. Je la tiendrai dans mes bras. Je veux qu'elle sache combien je l'aime. Abdenour prend sa fille et suit Kader jusqu'au garage. Hadja Taos les suit et s'assoit à l'arrière et la garde sur ses jambes, serrant sa tête contre sa poitrine. Le trajet jusqu'à l'hôpital leur paraît interminable. Tous savent que c'est une question de temps et qu'il joue en leur défaveur... (À suivre) A. K.