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L'Afrique en 2013
Sortir du cycle des espoirs déçus et des menaces terroristes
Publié dans Liberté le 03 - 01 - 2013

Le continent africain, qui a traversé une mauvaise passe l'an dernier, nourrit l'espoir de sortir de ce cycle cette année.
Et l'Afrique est bien dotée en termes de ressources naturelles et humaines et de marchés, pour changer de cap. Ses dirigeants devraient mettre le holà au théâtre de rivalités géoéconomiques entre grandes puissances qu'ils ont laissé s'installer sur l'Afrique. Mais, auparavant, ils doivent impérativement régler la centaine de conflits frontaliers, ethniques et religieux entretenus par eux quant ce sont leurs prédécesseurs qui les ont allumés. Et que ces dirigeants ne se plaignent surtout pas d'absences de mécanismes. L'Union africaine n'a-telle pas été mise à niveau en s'inspirant de l'UE qui fonctionne assez bien ? L'année 2012 avait semblé bien commencer pour l'Afrique. Sur le plan économique, le rapport de la Banque mondiale “Africa's Pulse" annonçait la reprise des exportations africaines et une croissance à deux chiffres pour nombre de pays. Et sur le plan politique, la Tunisie, l'Egypte, la Libye, le Sénégal et la Côte d'Ivoire venaient de se débarrasser de leurs dictateurs vaincus par les révolutions ou urnes. Autre signe, la Somalie a tourné la page de la longue guerre civile avec l'aide de la Mission africaine de l'Union africaine en Somalie (Amisom, créée 19 janvier 2007 par le Conseil pour la paix et la sécurité de l'UA). Il reste à pacifier le “Somaliland" en le débarrassant de ses derniers islamo-terroristes.
La coopération Sud-Sud, à la place de la tutelle occidentale
Parallèlement, l'Afrique commençait en 2012 à s'émanciper de la tutelle occidentale en renforçant sa coopération Sud-Sud. Le Brésil et l'Inde avaient mis pied dans le continent, renforçant la possibilité de mettre fin aux termes de l'échange inégal imposé par les puissances occidentales, les anciennes métropoles coloniales et les Etats unis. La Chine a poursuivi ses avancées avec le Sommet Chine-Afrique et la participation d'un représentant du CPPC (organe consultatif suprême en Chine) à l'ouverture du 18e Sommet de l'UA). La Chine joue, depuis plusieurs années, un rôle accru en Afrique, mais ses motivations se sont révélées identiques à celles des traditionnels prédateurs du continent. Business is business également pour Pékin à la recherche de matières premières, de débouchés et même de terres agricoles pour satisfaire les nouveaux besoins alimentaires de ses propres populations. Les pierres noires du continent sont restées nombreuses. Au Soudan, la paix demeure un horizon. Le Soudan du nord a réactivé la guerre au Soudan du sud, avant-dernier Etat admis à l'ONU, le dernier étant la Palestine sous le statut d'Etat observateur. En fait, le conflit entre le Nord, islamiste et arabe, et le Sud, noir, chrétien et animiste, est très ancien. À partir d'avril 2013, le président-autocrate Omar al-Bechir, coupable du génocide de 300 000 Darfouris noirs-musulmans et de deux millions de chrétiens-animistes du Sud, selon la Cour pénale internationale, qui a lancé un mandat d'arrêt contre lui, fait bombarder impunément le Darfour, le Centre et le Sud Soudan. Il n'a pas supporté l'autonomisation du Sud imposée par Washington avec l'approbation de l'UA, riche en pétrole, et empêche le nouvel Etat de vendre son pétrole qui transite par le nord-Soudan. Les pays de l'Afrique du Nord, le Maghreb, sont traités dans le dossier “Le monde arabe en 2013". An centre de l'Afrique, c'est le chaudron congolais avec la résurgence de la guerre entre le gouvernement et la rébellion du Mouvement du 23-Mars (M23) du Nord-Kivu, riche en ressources naturelles. Ces affrontements ont provoqué le chaos dans l'est de la RDC qui a provoqué le déplacement de 500 000 personnes en 2012. Le gouvernement de RDC accuse le Rwanda de soutenir les rebelles du M23. Les négociations proposées par les chefs d'Etat des pays membres de la Conférence internationale sur la région des Grands-Lacs (CIRGL), devront se poursuivre en 2103, faute de solution. En Centrafrique, les choses ne vont guère mieux, cette année sera cruciale. Les rebelles ont conquis les villes stratégiques de Bria, Bambari, Kaga Bandoro et Sibut et avancent vers Bangui, la capitale. Le président centrafricain François Bozizé a appelé la France à la rescousse mais François Hollande lui a prescrit la négociation avec le M23. Le pays de Bokassa, fragile, va certainement subir un sort similaire à ses voisins : le Soudan au sud et le Tchad à l'ouest. Mais l'année 2013 sera certainement celle du Mali.
Eradiquer les groupes terroristes au Mali
Le 21 mars 2012, des militaires mécontents de leurs conditions de vie ont perpétré un coup d'Etat, attaquant les troupes loyales de l'ex-chef de l'Etat Amadou Toumani Touré, ce qui indirectement préparé le terrain aux groupes salafistes terroristes (Aqmi, Ansar-al-Dine et Mujao) qui ont conquis le nord du Mali. Certes, le Conseil de sécurité des Nations unies a adopté, le 20 décembre, une résolution autorisant le déploiement d'une force africaine au Mali, ce qui démontre la détermination des Africains à régler eux-mêmes leurs conflits, notamment via l'UA et la Cédéao. Toutefois, bien que se défendant de toute ingérence, cette crise a une fois de plus donné à la France une occasion de s'immiscer dans les affaires africaines. Il est vrai que ni la France, ni les Etats-Unis ou les pays de la région, ne peuvent se permettre de laisser prospérer un foyer pro-Al-Qaïda de plus de 500 terroristes surarmés qui menacent aux frontières de l'Algérie, du Mali, du Niger de la Mauritanie et du Sahara occidental occupé par le Maroc. Héritage du “Printemps arabe", l'islamisme au Sahel a été boosté par la chute de Kadhafi qui permit aux djihadistes de récupérer une partie de l'arsenal militaire libyen, et ces groupes ne comptent pas se satisfaire du Mali : leur but étant l'établissement de la charia dans toute l'Afrique sub-saharienne-sahélienne ! Le Mali est pour eux une “base arrière" pour les actions terroristes mais aussi pour les lucratives prises d'otages occidentaux et dont les montants des rançons sont impressionnants : les Espagnols ont versé 8 à 15 millions d'euros pour la libération de leurs ressortissants, l'Italie 3,5 millions, l'Autriche entre 1,5 et 3 millions...À ces recettes du rapt, s'ajoute celles des trafics d'armes, de drogue, d'essence, de cigarettes, qui empruntent les mêmes routes que l'immigration clandestine, vers l'Europe via le Maghreb. En fait, les groupes islamistes sahélo-sahariens escomptent répandre le chaos partout dans la région, déjà au Nigeria, avec la secte Boko Haram, qui a lancé un jihad dans les 11 Etats où la charia est déjà en vigueur...
D. B


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