Ils demandent, afin d'éviter le dérapage et la division, au secrétaire général, d'ouvrir la voie de sa succession à l'occasion de la session du comité central et d'annoncer son intention de se retirer afin de la préparer dans un climat serein. Abdelaziz Belkhadem n'a désormais plus aucune autorité sur huit ministres du parti dans le gouvernement actuel. En effet, Abdelaziz Ziari, Tayeb Louh, Rachid Harraoubia, Abdelkader Messahel, Mahmoud Khoudri, Rachid Benaïssa, Moussa Benhamadi et Amar Tou ont rendu public hier un communiqué dans lequel ils invitent le secrétaire général du parti à quitter son poste “par un accord ou par un vote" et lui réaffirment qu'“il (Belkhadem) n'a aucune autorité sur eux à compter d'aujourd'hui". Les ministres ont réagi à la déclaration du groupe parlementaire du parti qui a soutenu Belkhadem et dénoncé les ministres qui lui ont adressé une lettre réclamant son départ. Les huit ministres dénoncent de leur côté l'utilisation d'une institution de l'Etat (le Parlement) au service de ses ambitions personnelles. Ces comportements, selon le communiqué, ont évolué vers l'opposition et flagrante contradiction avec les obligations que lui (FLN) confère sa position dans la majorité. Cette attitude, selon les signataires du communiqué, crée des préoccupations politiques et morales dangereuses dans la mesure où elle traîne le parti aux antipodes de ses positions de principe notamment la contribution du parti à la réalisation du programme du Président. Ils demandent, afin d'éviter le dérapage et la division, au secrétaire général, d'ouvrir la voie de sa succession à l'occasion de la session du comité central et d'annoncer son intention de se retirer afin de la préparer dans un climat serein. Compte tenu du poids des rédacteurs du communiqué, le sort de Belkhadem semble ainsi scellé. Car en plus d'être ministres, ils sont tous les huit membres du comité central et du bureau politique. Ce dernier représente pratiquement ce centre de la décision du parti, longtemps considéré comme l'entourage immédiat du SG. Désormais, Belkhadem fait l'unanimité contre lui. Une majorité des cadres du parti, membres du CC et du BP, réclame ouvertement son départ. Mieux que les redresseurs qui ont bataillé pendant trois ans, même si le temps a donné une légitimité à leur revendication, la fronde des ministres est plus douloureuse dans la mesure où ils lui dénient “toute autorité sur eux". Autrement dit, ils ne lui reconnaissent même plus sa qualité de secrétaire général. La bataille est en définitive à sa phase d'achèvement avec le désaveu franc que d'autres membres du BP et les indécis du CC suivront sans doute. En osant s'attaquer à ses propres ministres, Belkhadem s'est engagé dans la voie de son isolement et a signé sa fin à la tête de l'ex-parti unique. La pression s'accentue ainsi sur Belkhadem qui a tenu tête aux redresseurs, ignoré la lettre des trois ministres qui ont demandé son départ, avec le communiqué des huit ministres, l'annulation des rencontres régionales qu'il a prévues de tenir avant la session du CC à la fin du mois est un autre coup porté à son “plan", sa stratégie de s'entourer de nouveaux soutiens puisés dans les nouveaux élus. Et du coup, il se retrouve seul face à des cadres et des instances qui le désapprouvent et réclament son départ “pour sauver le parti". Il aura ainsi payé sa stratégie du “vide autour de lui". D B