Le président du Mouvement de la réforme nationale (MRN) a ouvert son discours par des versets coraniques ponctués de paraboles à peine voilées assénées à Abdelaziz Bouteflika qu'il a qualifié de “grand dilapideur des richesses nationales devant l'Eternel”, écorchant, au passage, les walis auxquels il a promis les “foudres du peuple quant à leur gestion honteuse”. Fidèle à son image, Abdallah Djaballah n'a pas hésité à qualifier le comportement du président de la République de “dépassement inqualifiable pouvant nuire à la préservation de l'unité nationale”. S'adressant à ses militants réunis à Oran en fin de l'après-midi de jeudi, au cinéma El-Feth, le chef d'El-Islah a expliqué à ses partisans que les temps avaient changé. “Aujourd'hui, a-t-il dit, notre message ne peut plus être le même que celui de 1999 quand on nous imposa une conjoncture de fait accompli”. Le candidat à la présidence de la République a, une heure durant, harangué ses militants. Dénonçant particulièrement l'APN, Abdallah Djaballah n'est pas allé de main morte. “Les députés sont devenus des postiches et de simples fonctionnaires au service exclusif du locataire d'El-Mouradia”. Et d'ajouter : “À présent, l'Algérie fonctionne avec la gouvernance du téléphone et la justice de la nuit, tout cela grâce à une APN servile qui n'a jamais osé demander des comptes à l'Exécutif”. Au cours de son meeting, le leader du MRN mettra l'accent sur la situation qui caractérise le débat sur l'interdiction du port du voile en France. À ce sujet, il a indiqué que “10 millions de Français d'origine ou d'essence algérienne vivant dans l'Hexagone risquent à tout jamais de perdre leur identité” (...) “Où est donc passé le prestige de l'Algérie qui n'a même pas osé décrier du bout des lèvres la décision de Jacques Chirac d'interdire le port du voile en France ? L'Algérie tout entière est indignée par l'attitude passive et permissive du premier magistrat du pays”, assénera-t-il. “L'heure est au rétablissement de la vérité”, a-t-il affirmé à plusieurs reprises, invitant ses militants et les citoyens à appuyer sa démarche en vue de “déposer un projet de loi devant l'APN visant à créer une commission d'enquête nationale sur la gestion des walis”. Le président d'El-Islah a estimé que l'Algérie est dans un besoin pressant de stabilité, de légalité et de démocratie qu'il a l'intention d'instaurer s'il est élu à la présidence de la République. Cette sortie de Abdallah Djaballah a tout de même inquiété nombre de citoyens venus l'écouter : “Nous avons peur quand nous voyons que Djaballah se fait passer pour un saint”, ont-ils annoncé en quittant la salle. B. G.