Sur les 36 articles que compte le projet de code, seize sont rejetés juridiquement et “religieusement” par le MRN. Le leader du MRN, Abdellah Djaballah, a pris, depuis hier, le peloton de tête de ceux qui vont faire front contre les amendements proposés par le gouvernement au code de la famille. Dans une conférence de presse qu'il a voulu “exceptionnelle” parce que consacrée uniquement à ce sujet, le cheikh a démonté article par article les dispositions litigieuses contenues dans le projet gouvernemental. Sur 36 articles qui composent ce texte, Abdellah Djaballah en a dénoncé et rejeté seize. Visiblement bien préparé pour son exercice devant les journalistes, le chef du MRN a fait lecture d'une longue analyse critique du projet de code de la famille qu'il a commenté et étayé de versets coraniques. Un texte conçu, d'après lui, comme “une attaque frontale de l'islam par le président de la République qui a épousé les idées du mouvement occidentaliste”. Djaballah a, en effet, été particulièrement acerbe à l'égard de Bouteflika à qui il impute la responsabilité d'un tel “dérapage”, c'est-à-dire l'éventuelle adoption du code de la famille amendé. “Ce président a qualifié le code de la famille de périmé lors de la campagne électorale ; franchement, je n'ai pas entendu pire affront à l'islam, y compris de la part des partisans de la laïcité”. Pour lui, cela fait partie de la fameuse politique de Bouteflika qui consiste à “casser les tabous”. Djaballah soulignera d'emblée que les concepteurs de ce projet d'amendement sont loin de répondre aux exigences requises pour ce genre de dossiers. Il doute même de la réputation de certains membres de la commission qui seraient des “modèles de la perversion”. Des prérogatives jugées “abusives” attribuées au ministère public dans l'article 3 à l'exigence d'un certificat médical avant de contracter un mariage (article 7 bis) en passant par la suppression du tutorat figurant dans l'article 11, le document de Djaballah remet en cause presque la moitié du texte. Tantôt, il fait valoir le non-respect des règles juridiques dans la conception du projet de code, tantôt il relève des contradictions entre les amendements proposés et les dogmes de l'islam. Ce qui lui fait dire : “C'est une guerre qui est déclenchée contre la religion musulmane.” Mieux encore, et contrairement aux commentaires en vogue, ce nouveau code s'apparente, aux yeux de Djaballah, à un “despotisme vis-à-vis de la femme”. “Ils ne veulent pas libérer la femme de l'arbitraire, ils veulent la libérer de la religion… !” conclut sentencieux le chef du Mouvement de la réforme nationale. C'est pourquoi, il dit être déterminé lui et ses militants de faire tout leur possible pour faire capoter ce projet. “Il ne faut pas qu'il descende au Parlement, sinon il sera adopté sans problème”. Il ne se fait pas d'illusion sur la position qu'auront “les députés des intérêts et non des principes”. Pour ce faire, il annonce la tenue prochaine d'un forum parlementaire que son groupe animera le 22 de ce mois en vue de sensibiliser leurs collègues sur le “danger” des amendements prévus pour le code de la famille. Il invitera même les députés du MSP, parti qu'il a accablé de critiques pour avoir accompagné Bouteflika. “Ils doivent se joindre à nous pour qu'ils se lavent de leurs péchés !” professe Djaballah qui promet de rameuter tout le Parlement pour faire barrage au néo-code de la famille. La mobilisation du MRN ne s'arrêtera pas là, puisque des rassemblements et autres actions “pacifiques” de rue sont prévues prochainement. H. M.