Ils dénoncent, entre autres, le blocage des carrières des jeunes diplomates par des vieux toujours en poste alors qu'ils ont dépassé l'âge de la retraite. Les fonctionnaires, les corps communs et le corps diplomatique confondus du ministère des Affaires étrangères (MAE) ont exposé, hier, devant les représentants de la presse, leur situation socioprofessionnelle, on ne peut plus, dégradante, voire humiliante. Bien entendu, l'administration a tout tenté pour empêcher la tenue de la conférence de presse initiée par le Syndicat autonome des personnels du ministère des Affaires étrangères (Sapae). Mais elle n'a rien pu faire devant la forte mobilisation des travailleurs dont de nombreux cadres “marginalisés" du corps diplomatique. Si les revendications des corps communs sont tout aussi légitimes, il faut dire que la montée au créneau des diplomates marginalisés accule davantage l'administration. Selon Mohamed Benchikh, diplomate membre du bureau exécutif du Sapae, aujourd'hui, ils sont plus d'une trentaine de cadres à se retrouver “sans fonction" au ministère. Ceci, déplore-t-il, est le résultat de la monopolisation des postes par plusieurs cadres dépassant l'âge de la retraite. En effet, certains cadres septuagénaires s'agrippent toujours à leur poste alors qu'une instruction du gouvernement, signée par Ahmed Ouyahia, alors Chef du gouvernement, exige clairement la mise à la retraite de tout fonctionnaire à partir de 60 ans. Dans une récente lettre adressée à l'actuel Premier ministre, Abdelmalek Sellal, le Sapae n'avait pas manqué de dénoncer cette réalité, tout en citant les 83 cadres supérieurs dépassant les 60 ans, et pas moins de 30 autres âgés de plus de 65 ans, gardant leur poste au MAE. La mise à la retraite de cette armée de cadres du 3e âge constitue ainsi l'une des revendications phares du syndicat autonome du MAE, représenté par plus d'une trentaine de cadres parmi 528 syndiqués. Dans son intervention, Fatiha Suissi, SG du Sapae, déplore en outre, l'absence de mouvement des corps diplomatiques, ligoté par les textes juridiques d'un décret présidentiel, (91/335), obsolète, datant de l'époque de... Chadli Bendjedid ! À son tour, M. Benchikh, représentant du corps diplomatique au bureau exécutif du syndicat, regrette “la mort lente" de ce corps devant l'absence d'un plan de carrière et d'un statut particulier dignes de ce corps. Même son de cloche chez Mohamed Tobal, SG adjoint chargé du corps diplomatique du Sapae, qui, lui, revendique, en outre, l'octroi des bourses à l'étranger pour les enfants des fonctionnaires diplomates rappelés (en Algérie), afin de leur permettre de poursuivre leurs études qu'ils ont déjà entamées au moment où leurs parents étaient en poste dans des pays étrangers. Pendant ce temps, la situation socioprofessionnelle des corps communs du département de Mourad Medelci, elle, est présentée comme étant des plus catastrophiques. Preuve en est surtout les salaires de misère que perçoivent, après 20 ans de service pour certains, les contractuels du MAE. Le salaire de certaines catégories d'employés, dont on détient une copie de la fiche de paie, ne dépasse pas 9 000 DA, soit la moitié du SNMG ! Rappelant la tenue, la veille, d'une réunion avec le ministre de tutelle, M. Medelci, en présence des représentants de l'administration, les syndicalistes déplorent que le ministre n'ait fait que réitérer ses promesses du passé, n'augurant rien de positif. “La plupart des réponses ont été déjà données aux fonctionnaires (...) Nous les considérons comme lentes et insuffisantes. Mieux, elles constituent un aveu d'échec et d'impuissance ; à présent on n'avance aucune solution à nos problèmes", énonce le Sapae. Devant cet état de fait, les syndicalistes n'écartent pas de recourir à la grève dans les jours qui viennent. “Nous allons nous réunir demain ou après-demain, pour décider de l'action à enclencher. Au vu de l'évolution de la situation, je dirais que la grève prévale", a averti M. Benchikh. F A