Liberté : Les contraintes à l'octroi de crédits sont-elles toujours de mise ? Mouloud Hedir : Elles le sont et à tous les niveaux. Au niveau macroéconomique, c'est le débat sur l'environnement qu'on a depuis quelque temps déjà. Et puis il y a les contraintes dans la relation banque/entreprise, notamment le problème des garanties. Un problème très complexe. Les garanties exigées sont elles excessives ? Du point de vue des entreprises, les garanties sont bien sûr exagérées. C'est un obstacle qui est rédhibitoire pour l'accès au financement. Le système est mal organisé. Maintenant, si vous vous placez du point de vue de la banque, il y a mille raisons pour que cela fonctionne comme cela. Cela va d'abord des raisons judiciaires. Des gens, en prenant un risque, se retrouvent en prison. Alors que c'est du pur commerce. Il y a des problèmes de droit. C'est-à-dire que vous avez une garantie mais vous ne savez pas dans combien de temps vous aller la récupérer ni dans quelles conditions vous aller le faire. Donc les courbes, au lieu de se rejoindre, elles s'éloignent l'une de l'autre. C'est comme cela que ça se passe. C'est le système qui n'est pas bon. Alors qu'en principe, dans un scénario idéal, les deux sont solidaires. Le banquier a besoin de prêter parce que c'est son métier et l'emprunteur a besoin de cela parce que c'est la condition pour la réalisation de son projet. Donc tout le monde a intérêt à avoir la même approche. A quel niveau se situe donc la problématique ? La problématique se situe à tous les niveaux. Il y a un niveau global qui est celui de l'environnement en général, celui de l'organisation bancaire. Et puis il y a les niveaux qui sont ceux du marché des sûretés en tant que telles. C'est un marché. C'est quelque chose qui doit fonctionner de façon souple, intelligente et flexible. C'est un contrat. Et si on est dans un environnement qui est bon, alors tout le monde a intérêt à ce que ce type de contrat se développe. C'est cela qui est à la base. Que faut-il faire pour remédier à cette situation ? Il faut agir à tous les niveaux. C'est-à-dire qu'il faut réformer l'environnement, bien entendu. Il faut mettre les banques et les entreprises en situation d'avoir des relations beaucoup plus normales qu'elles ne le sont. Et puis il y a un grand nombre de segments qu'il faut aider à réformer. Il faut un système d'information ouvert, il faut un système où la réalisation d'une sûreté soit rapide. Il faut un marché qui soit organisé pour vendre des tas de biens autres que l'immeuble ou la voiture. C'est tout cela qu'il faut faire contribuer à améliorer.