Résumé : Semra découvre deux traits de caractère de aami Rabah. Il a invité Azzedine, au dîner, même s'il ne pourra pas être avec eux. Il tient à leur donner l'occasion de mieux de se connaître. Une fois seuls, Semra et Azzedine sont gênés. Mais elle sent combien il l'aime... Azzedine aurait voulu rester avec elle, dans la cuisine. Mais Semra-Dalila a refusé. Elle a allumé la radio, à fond. Lui qui aime le silence voit combien il allait devoir changer pour lui plaire. Elle est la première femme à entrer dans son cœur. Il allait devoir se faire à ses goûts, aux bruits qu'elle traînera derrière elle. Dans sa vie. Azzedine sourit tout en s'enfonçant dans son fauteuil. Il a envie de penser à l'avenir, aux choses qu'ils feront ensembles, mais la radio, à fond, l'empêche de s'entendre. Elle écoute la radio trop fort. Il allait devoir lui en toucher deux mots. Enfin, ce n'est qu'un prétexte pour la rejoindre à la cuisine. Au fond de lui, tout cela ne lui déplaît pas. Tant que c'est elle qui brise le silence, tant qu'il aura changé d'habitudes, pour elle tout est supportable et même parfait. Semra est aux fourneaux, une poêle à faire à la main. Azzedine doit s'y prendre par deux fois avant qu'elle ne l'entende. Elle-même crie pour lui répondre. - Ça va être prêt dans cinq minutes. Tu veux du jus ? - Non ! Ce que j'aimerais, c'est que tu baisses le volume de la radio ! Mais Semra n'entend rien. - Quoi ? Azzedine traverse la cuisine et coupe la radio. - Tu ne trouves pas que c'est mieux ainsi ? l'interroge-t-il. - La musique à fond m'inspire beaucoup quand je cuisine, répond-elle. Vraiment ! Azzedine jette un coup d'œil aux plats déjà prêts, et grimace. - Il faudrait trouver un autre style de musique, peut-être que les plats que tu prépares seront meilleurs !, ose-t-il lui dire au risque de la mettre en colère. Ta mère ne t'a rien appris ? - Elle travaille. Et puis, je ne me souviens jamais des recettes. Mais toi, tu dois t'y connaître. Ou bien vis-tu encore avec ta famille ? - Non, je vis seul depuis des années, mais maman et Sabah viennent toujours s'assurer qu'il ne me manque rien, dit Azzedine. Elles seront heureuses quand elles sauront pour nous, surtout Sabah. - Est-elle au moins discrète ? s'inquiète Semra-Dalila en portant les morceaux de poulet cuits à la table où son invité s'est déjà installé. Rien n'est encore sûr ! - Je sais bien. mais avec maman il faut s'y faire, la nouvelle va se répandre comme une traînée de poudre. Je suppose, poursuit Azzedine, les yeux rieurs, qu'elle a dû atteindre Paris et Lille où mes tantes vivent. D'ici demain, Béjaïa et Annaba seront aussi au courant. S'ils ne le sont pas déjà ! - Tu as une grande famille, remarque la jeune fille en devenant pâle. Tous seront présents au mariage ? - Je suis fou de joie. Tu parles de mariage ! s'écrie Azzedine. Es-tu d'accord ? Partages-tu les mêmes sentiments que moi ? - Oui. Enfin, je crois. Quand elle le regarde, elle éprouve un sentiment inattendu qu'elle n'a jamais éprouvé auparavant. Son cœur bat un peu trop vite. Ses mains tremblent. La fourchette lui glisse des doigts. D'une certaine façon, elle s'est faite piéger sur son propre territoire. (À suivre) A. K.