Résumé : J'étais prête à venir en aide à toutes celles qui me le demandaient, et cela dans la mesure de mes prérogatives. Mais je ne m'attendais pas à ce que la présidente des femmes me demande de la tenir loin des feux de la rampe. L'incident de l'après-midi avait provoqué des remous. C'était moi qui avais risqué ma vie, et elle qui me demandait de la protéger. Je m'arrête un moment pour reprendre mon souffle avant de poursuivre : - J'ai fais de mon mieux pour mettre en exergue votre association, vos actions et votre plan de charge. Je vous ai envoyé du renfort : des femmes d'un niveau appréciable pour que vous soyez épaulée, et pour que votre association soit un exemple pour d'autres actions féminines. En fin de parcours, alors que j'ai risqué ma vie pour vous, vous voulez qu'on vous mette à l'abri de toute réaction pour la simple raison que votre mari et votre famille ne sont pas d'accord pour ce qui c'était passé aujourd'hui.. -Mais je vous demande juste... -Taisez-vous ! Je n'ai pas fini de dire les quatre vérités. Vous êtes toutes pareilles. Vous voulez grimper très haut. Pas par vous-mêmes mais par des moyens détournés. La presse, la propagande, les relations. Puis dès qu'il y a un pépin, vous vous conduisez comme l'autruche, la tête dans le sable. Il ne faut surtout pas qu'on arrive à vous où qu'on vous accuse de quoi que ce soit. Mais mon Dieu, comment voulez-vous atteindre vos objectifs, alors que vous ne pouvez même pas assumer vos responsabilités ? J'étais en nage. Comme je n'entendais rien au bout du fil je lance une dernière flèche : -Mon papier, je vais le rédiger tout de suite et comme il se doit. Que vous soyez d'accord ou pas, je vais raconter la manifestation dans toute son ampleur. Photos à l'appui. Vous serez toutes à la une demain. Je raccrochai. Mes mains tremblaient. Ma migraine avait augmenté d'intensité. Plus déterminée que jamais à aller jusqu'au bout, j'avale deux comprimés d'aspirine avant d'attaquer mon article. Je travaille jusqu'à une heure tardive. La rédaction de mon reportage terminée, je relis mon papier, avant de le balancer à la rédaction. Heureusement qu'il y a l'internet ! Mehdi s'était réveillé. Il n'avait rien avalé de la soirée. Je cours lui préparer sa soupe avant de le changer et de le border. Un coup d'œil à ma montre m'apprend qu'il était minuit passé. Youcef n'avait pas réapparu. L'inquiétude s'empare de moi. Va-t-on s'en prendre à mon mari ? Je tente de l'appeler. En vain. Son portable était éteint. J'appelle la rédaction, mais on me répondra que mon mari n'avait pas réapparu de la soirée. Où était-il donc ? Je commençais à échafauder les scénarios les plus effrayants. A-t-il eu un accident ? A-t-il été agressé et jeté quelque part dans un profond fossé ? Est-il encore vivant ? Ma fatigue s'envola d'un coup. Je ne pouvais me mettre au lit alors que je n'avais aucune nouvelle de mon mari. Je tente encore une fois de le joindre. Mais son mobile était toujours éteint. Je me disais que dans de tels cas, je devrais faire appel à la famille. Mais pourquoi effrayer tout le monde ? Peut-être que Youcef était encore à ce débat politique. Parfois cela s'éternisait. Je me rappelais mes déplacements avec lui pour des couvertures qui s'étendaient en longueur, alors que les sujets étaient d'un ennui à donner envie de tout plaquer. Youcef finira par donner signe de vie, me dis-je à haute voix, comme pour me rassurer. Oui. Il finira bien par montrer le bout du nez, et je vais lui montrer de quel bois je me chauffe. Me laisser ainsi avec la peur au ventre, à me morfondre et à me faire du mauvais sang. Non. Je ne vais pas me taire. Il me connaît bien. Les heures s'égrenaient. Je ne savais plus quoi faire. A plusieurs reprises, je rappelais la rédaction. Youcef n'était pas revenu. Non. On ne l'avait pas revu depuis la veille. Je jette mon portable contre le mur. La fureur et la peur me rendaient dingue. Je sentais que j'allais craquer. Cette attente me rendait angoissée et impatiente. Je m'allonge sur le lit, en tentant de me calmer. Je reprends mon souffle et tente de respirer plus lentement. (À suivre) Y. H.