En Algérie, l'usage de la langue amazighe connaît un regain timide, mais qu'il faut quand même signaler. Selon l'Unesco, le pays compte environ 35% de berbérophones avec ses variantes : le kabyle avec 5 millions d'interlocuteurs. L'Unesco considère que les langues appartiennent au patrimoine culturel immatériel de l'humanité et œuvre pour la diversité linguistique par des programmes de sauvegarde des langues en danger. L'organisme informe que 50% des langues sont en danger de disparition, qu'une langue disparaît en moyenne toutes les deux semaines, et que si rien n'est fait, 90% des langues vont probablement disparaître au cours de ce siècle. Les linguistes sont préoccupés par ce phénomène, car les langues qui disparaissent sont souvent des langues qui contiennent des phénomènes linguistiques rares, voire uniques, et s'ils n'ont pas été répertoriés, enregistrés, étudiés, ils seront perdus à jamais. En Algérie, l'usage de la langue amazighe connaît un regain timide, mais qu'il faut quand même signaler. Selon l'Unesco, l'Algérie compte environ 35% de berbérophones avec ses variantes : le kabyle avec 5 millions d'interlocuteurs, ce qui fait du kabyle (taqbaylit) le deuxième parler berbère après le chleuh du Maroc. Cependant, la deuxième variante la plus répandue à travers le pays du berbère reste le chaoui (tacawit). Il est parlé par environs 3 millions de personnes à l'est du pays, surtout dans le massif auressien (Batna, Khenchela, Oum El-Bouaghi, Tébessa, Souk Ahras, extrême sud de Sétif, et une partie des wilayas de Biskra et de Guelma). Batna est auréolée du titre de capitale des Aurès, cependant elle n'a presque rien d'auressien linguistiquement parlant, si l'on compare cette ville à Tizi Ouzou, Béjaïa ou encore Ghardaïa, où les habitants de ces villes s'expriment dans leur majorité en berbère. Cependant, on assiste à un retour à la langue maternelle, comme nous le signale le professeur Fakihani Tibermacine, auteur du premier dictionnaire chaoui-arabe “La clé du trésor, parler chaoui" : “Loin du politique, il y a d'abord un sentiment d'appartenance. Les chanteurs de toute la région des Aurès ont eu le mérite, il y a de cela une vingtaine d'années, de prendre le risque (et je mesure mes mots), car c'était très mal vu et même réprimé de chanter dans la langue de Massinissa, d'écrire des pièces, des expositions, de réanimer certaines fêtes millénaires telles que thamghra n'tmanzouth, thifsouine, yennar. Et vous constatez aujourd'hui que ce rendez-vous, yennar présentement, n'est pas chaoui ou kabyle ou m'zab. Si de nos jours le mouvement associatif montre des signes de faiblesse, c'est parce que des individus et citoyens ont trouvé dans les nouveaux moyens de communication (blogosphère, réseaux sociaux) le moyen de redonner vie et des fois juste un petit coup de confiance (les enseignes des magasins, les prénoms amazighs – même si des fois, et surtout à Batna, l'administration est encore réticente – ; dans les cafés, dans la rue, dans les taxis, on écoute souvent Radio Batna en chaoui), les gens ont repris leur langue. La meilleure preuve reste le classement de l'Unesco pour les Aurès, qui est passé de ‘'en danger'' à “vulnérable'' ; il reste maintenant à monter crescendo vers l'officiel, comme c'est le cas chez nos voisins du Maroc." Un autre indicateur de l'intérêt accordé par les Auressiens à leur langue maternelle (chaoui) à l'échelle ou niveau universitaire, où plusieurs étudiants en fin d'études, et pour la préparation de leur mémoire, cherchent de plus en plus des thèmes et sujets ayant trait avec le patrimoine matériel ou immatériel (géographique ou linguistique). Un autre exemple nous vient cette fois des Etats-Unis d'Amérique, plus exactement de l'université Politzer. L'anthropologue et journaliste d'origine algérienne (auressinne) Yasmine Bendaâs a passé plus de 3 mois dans la région de ses grands-parents, Chemora (36 km à l'ouest de Batna), pour réaliser une étude sur les origines et les différentes significations du tatouage chaoui. L'étude a été publiée par le magazine National Geographic, vu son importance. Beaucoup de facteurs, et d'une manière directe ou indirecte, ont contribué à ce redéploiement linguistique, qui peut être considéré comme phénomène, au vu de ce qui se passe à travers le monde et dans les pays les plus développés (Danemark, Hollande, Australie) où des budgets spéciaux ont été alloués pour sauver des langues en agonie. R H