Les Oranais qui n'ont ni soleil des tropiques à faire valoir, ni fonte des neiges à se farcir, ont pourtant un serieux souci avec leur climat aujourd hui. Quelqu'un me disait l'autre jour qu'il ne savait plus comment se vêtir en sortant le matin de chez lui. Fallait-il qu' il se rembourasse de tout ce qui traînait dans la penderie et marcher comme un pingouin ou au contraire qu' il enfilasse un imperméable soft et se donner l'air du monsieur pas concerné quitte à trembler des guiboles ? Désolé, je n'ai pas pu résister à l'envie d'employer au moins une fois dans mes chroniques l'imparfait du subjonctif. Bref, un véritable casse-tête cet hiver pour les femmes qui tiennent à leur permanente et un casse-tête pas possible pour les mecs qui ne veulent à aucun prix ressembler à des boudins. Qu' il souffle en ville et des vieillards très forts en cumulus, vous indiquent aussitôt la direction de l'Espagne où ils n'ont d'ailleurs jamais mis les pieds. Pas bête comme explication puisque pour balayer Oran, le chergui comme le guebli sont obligés de venir des Açores du moins c'est ce qu'on prétend. Et personne à ma connaissance n'a jamais tenu tête aux moulins à vent de Don Quichotte. Qu' il pleuve et c'est la cata et même la grosse cata. Surtout pour les jeunes qui ont du mal à protéger leur gel des hallebardes et leur Reebok de l'outrage de l'eau. Seuls les fellahs qui habitent en banlieue gardent la tête froide et les pieds bien plantés au sol du terroir. Ils n'ont peur ni pour leur gel, ils portent un turban, ni pour leur image : en milieu urbain, ils portent la plus belle et la plus indémodable des marques, la djellaba. M. M.