Résumé : Semra prépare à dîner. Azzedine la rejoint à la cuisine. Il coupe la radio pour se faire entendre, et lui conseille d'apprendre à cuisiner. Leur discussion tourne autour de la famille de Azzedine, sur leur mariage. Semra se sent piégée par ses sentiments. - Tu fais de moi l'homme le plus heureux du monde, lui affirme Azzedine en posant la main sur la sienne. Semra-Dalila sent ses joues s'enflammer, et son cœur bat encore plus fort dans sa poitrine. Habituée à contrôler ses émotions, elle en est impressionnée. Elle a la certitude qu'elle ne pourra jamais oublier le contact de sa main, le regard étonné de Azzedine. Elle ne pourra jamais oublier le calme qui a suivi, comme si la terre avait cessé de tourner pendant un instant. Que lui arrive-t-il ? C'est la première pensée qui vient à l'esprit de Semra-Dalila. Il tient encore sa main et elle ne cherche pas à rompre le contact. - Tu m'as ensorcelé Dalila ! dit-il, l'air grave. Je suis ton prisonnier volontaire et à vie ! Je t'ai enfin trouvée. Je n'y croyais plus. Dalila, mon amour ! Semra retire sa main et se reproche de se laisser emporter par l'émotion. Elle ne doit pas. Dans sa situation, toute relation est vouée à l'échec. Cela ne doit pas lui sortir de la tête. Mais comment ne pas s'émouvoir devant cet homme qui l'aime à la folie ? Même s'il ne la connaît pas. Qu'en sera-t-il lorsqu'il saura ? La regardera-t-il toujours avec ces yeux brillants d'amour ? Le charme se dissipera-t-il ? Sera-t-il toujours ensorcelé ? Elle est sûre de son amour fou. Le sentiment est sincère. Elle en est touchée jusqu'au plus profond de son être, et si elle peut mettre un nom à l'émotion qui la fait trembler, ce n'est peut-être que pour une seule raison. C'est partagé et réciproque. - Pourquoi cette lueur d'inquiétude ?, l'interroge-t-il. Penses-tu à la réaction de ta famille ? - Euh... oui. Semra se lève et va chercher le dessert du frigo. Azzedine débarrasse la table. Un peu pour être plus proche d'elle. Elle trouve la cuisine plus exiguë quand il va et vient entre le plan de travail et la table. Pour ne pas se heurter à lui, elle va au salon. Elle a besoin de mettre un peu de distance entre eux. Il faut qu'elle retrouve ses esprits. Elle ne réalise pas qu'elle ne le pourra pas, que la magie de l'amour a opéré sur elle. - Qu'est-ce qui m'arrive ? se demande-t-elle. Je ne dois pas. Il faut que je lui dise que ce n'est pas possible entre nous. Elle doit rester sur ses gardes. Elle n'est pas Dalila, elle n'a pas de famille, pas de nom et aucunement un avenir à partager avec lui. Il lui plairait d'en avoir un, de pouvoir crier à la face du monde que leur amour est éternel, mais les choses étant ce qu'elles sont, Semra-Dalila sait qu'il y a plus important que l'amour. Elle n'a que dix-huit ans mais en sait beaucoup sur la vie. Cette dernière le lui a enseigné très tôt. - Pourquoi es-tu si soucieuse ? Pourquoi fronces-tu ainsi les sourcils ? Crains-tu que ta famille refuse que je t'emmène en France ? Qu'elle voudra que je réside ici pour que tu sois plus proche d'elle ? - J'ignore qu'elle sera la réaction de ma famille, soupire-t-elle. Si tu leur plairas ? S'ils voudront qu'on se marie ? Si tu auras assez d'arguments pour les convaincre ? Azzedine sourit, nullement inquiet. L'argument, il l'a. Il leur suffira de l'écouter, de lui faire confiance. Il dépend de peu pour que Semra-Dalila connaisse le bonheur. Avec lui. (À suivre) A. K.