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Tout en disant être “insensible à la pression de l'opinion", le ministre de la santé a déclaré à Tizi Ouzou “Il n'y a pas plus de mortalité maternelle à la clinique Sbihi qu'ailleurs"
Attendu durant plusieurs semaines dans l'espoir de prendre des mesures, le ministre de la Santé, Abdelaziz Ziari, qui a fini par se rendre à Tizi Ouzou jeudi dernier, a tout fait pour dédramatiser la situation qui prévaut à la clinique Sbihi, et ce, malgré les décès de femmes suite à leur accouchement enregistrés dans cet établissement. De prime abord, le ministre s'est attelé à démentir le chiffre avancé par la presse concernant ces décès. “Il n'y a pas eu de sixième décès dans cette clinique. Il y a eu quatre décès. Si des gens sont morts ailleurs et qu'on les attribue à cette clinique, c'est une autre affaire", dira-t-il, non sans ajouter : “Je ne suis pas chargé de retransmettre ce que l'on dit. Moi, je suis un responsable officiel, j'ai les chiffres que l'on me transmet officiellement et je suis absolument insensible à la pression de l'opinion." Comme s'il n'était censé parler qu'au nom de la clinique Sbihi, Ziari ne souffle mot sur les parturientes décédées au cours de leur évacuation de la clinique. Il s'attelle plutôt à poursuivre son plaidoyer pour la défense de cette clinique gynéco-obstétrique. “J'ai affaire à des équipes qui se dévouent nuit et jour et qui ont une charge de travail énorme dans une clinique, comme la clinique Sbihi où on enregistre plus de 10 000 accouchements par an", soulignera-t-il, ajoutant encore : “Dans la clinique Sbihi, il n'y a pas plus de mortalité maternelle qu'ailleurs." Comme s'il s'agissait d'un concours national interclinique de mortalité, le ministre mettra en avant sa disposition de chiffres qui permettent, dit-il, même de dire que la moyenne de mortalité maternelle dans cette clinique est en dessous de la moyenne nationale. “Certains malades qui avaient déjà des pathologies pré-existantes sont morts ; Allah Ghaleb", ajoutera ce professeur en médecine en invoquant ainsi Dieu, mais pas que ça. Il ira jusqu'à préconiser aux mécontents, sans les citer, de s'orienter vers le secteur privé. “Je vous rappelle qu'il y a aussi un secteur privé qui est algérien, qui s'occupe des Algériens et qui peut très bien collaborer dans le cadre de conventions avec le secteur public", a-t-il souligné dans ce sens. Mais, cherchant toujours à atténuer davantage la gravité de la situation, Ziari a également intégré le problème de la clinique Sbihi dans une problématique plus large. Ainsi, il expliquera que le problème de la mortalité maternelle reste un problème de santé publique pour lequel nous devons mettre en place des dispositifs qui vont de la veille et la prévention jusqu'au bout de la chaîne. “C'est une de nos préoccupations, on a fait énormément d'évolution en matière de santé publique, mais nous avons quand même des problèmes en matière de mortalité maternelle, ce que, pour un pays comme nous, nous ne devons pas avoir", a-t-il toutefois reconnu avant de revenir encore sur le sujet de la clinique Sbihi à laquelle il laisse comprendre qu'il n'a rien à reprocher, mais au sujet de laquelle il dit, toutefois, avoir demandé une enquête administrative. “J'ai demandé une enquête sérieuse et objective pour voir pourquoi dans cet espace de temps, il y a eu ces décès. ça peut être conjoncturel et aléatoire, comme ça peut être lié à des raisons objectives ; je ne peux pas répondre à des questions auxquelles je n'ai pas encore de réponse, mais je veux savoir ce qui s'est passé, et quelles que soient les mesures à prendre. Je les prendrai si mesures il y a", a-t-il déclaré. À la question sur la pratique d'une autopsie sur les corps des victimes, le ministre répondra par la négative. “Comme il n'y a pas eu de plainte, il n'y a pas eu d'enquête judiciaire et la demande n'est donc pas faite par le procureur", répondra-t-il non sans conclure qu'il n'y a pas de solution d'urgence à mettre en place. S L